Le deuxième Sexe – Simone de Beauvoir (Première partie)

Le deuxième Sexe – Simone de Beauvoir (Première partie)

Féministe emblématique de la France, Simone de Beauvoir est la femme la plus citée quand on parle de féminisme, dont elle fut une des plus grandes théoriciennes. De tradition existentialiste, son livre le plus connu est Le deuxième sexe. Il s’agit d’un ouvrage de référence en matière de féminisme, paru en 1949, dont nous vous livrons un résumé après lecture, ainsi qu’une analyse de l’impact sur le féminisme actuel. Cette lecture est aussi l’occasion d’éventuelles corrections sur quelques affirmations de Simone de Beauvoir et de recontextualisation de citations amplement relayées par les féministes (qui souvent n’ont pas lu l’intégralité de l’oeuvre).

Image illustrative de l’article Le Deuxième Sexe
“Éduquez-vous au vrai féminisme, pas à celui de twitter.” a-t-on déjà dit.

Titre, résumé et composition

L’ouvrage se divise en deux parties :
-Les faits & les mythes
-L’expérience vécue

Cet article sera consacré à la première partie, en deux paragraphes par chapitre : Un résumé et une interprétation.

Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique. Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la “réalité féminine” s’est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l’Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu’il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s’évader de la sphère qui leur a été jusqu’à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain.” – Simone de Beauvoir

Le Deuxième sexe – première partie, Résumé de quatrième de couverture

Le “deuxième sexe” est un titre qui raconte déjà beaucoup de choses : il établit une claire hiérarchie entre les sexes, sous-entendant que le premier serait l’homme et le suivant la femme (concept auquel répondra Eric Zemmour dans le Premier sexe).

Première partie : Les faits et les mythes

Introduction :

Résumé : A l’époque de la rédaction de ce livre, le féminisme était déjà bien installé, tant dans le nouveau-monde que dans l’ancien et a fait coulé beaucoup d’encre. Simone de Beauvoir y explique les raisons pour lesquelles elle a commencé à écrire. Elle questionne la définition de la femme, qui semblait déjà se perdre selon les mœurs de l’époque. Elle suppose ainsi qu’il ne suffit pas d’avoir un utérus pour être une femme, que sa définition est plus vaste, du moins selon les hommes. Simone de Beauvoir établit un constat empirique : l’homme “vir” et l’humain “homo” représentent le neutre et le positif et la femme serait donc, le négatif. Le tout dans un système d’opposition binaire comme le serait lune-soleil, bien-mal, etc. Simone de Beauvoir décrit aussi la femme comme un homme incomplet ou imparfait, par le prisme d’Aristote, de Saint-Thomas ou de la bible (où Eve n’est qu’issue de l’os d’Adam). En un mot, la femme est Autre. Elle rejette clairement l’idée que la domination patriarcale soit comparable à celle de l’esclavage ou du racisme, préférant l’approche d’une lutte de classes. Le reste de l’introduction se termine par le constat que l’homme a toujours défini la femme comme il a défini l’homme (et l’humain). Elle désire apporter une vision féminine de la femme.

“Mais le nominalisme est une doctrine un peu courte; et les antiféministes ont beau jeu de montrer que les femmes ne sont pas des hommes. Assurément la femme est comme l’homme un être humain : mais une telle afirmation est abstraite; le fait est que tout être humain concret est toujours singulièrement situé. Refuser les notions d’éternel féminin, d’âme noire, de caractère juif, ce n’est pas nier qu’il y ait aujourd’hui des Juifs, des Noirs, des femmes : cette négation ne représente pas pour les intéressés une libération, mais une fuite inauthentique.”

Le deuxième sexe – première partie, page 13

Analyse : Le constat empirique fait par Simone de Beauvoir sur la femme en négatif est une hypothèse assez hasardeuse : S’il est évident que Homo- désigne l’homme en tant que neutre, il n’est pas dit qu’il soit aussi son penchant positif. Une autre hypothèse impliquerait que l’homme serait une valeur par défaut de laquelle le féminin se démarque, que cela soit en bien ou en mal. Dans ce cas, la femme serait un sexe particulier, méritant un égard particulier, que cela soit en bien ou en mal.
Nous noterons un parallèle entre les préoccupations de l’époque et la situation moderne : La tendance actuelle n’est plus de demander où sont les vraies femmes mais plutôt où sont les vrais hommes. Ceci interroge bien sûr l’idéal viril de l’homme, une conception qui elle-non plus ne s’arrête pas à un pénis. L’auteure citera Dorothy Parker à cet égard :

“Je ne peux être juste pour les livres qui traitent de la femme en tant que femme… Mon idée c’est que tous, aussi bien hommes que femmes, qui que nous soyons, devons être considérés comme des êtres humains.”

Modern Woman : a lost sex, Dorothy Parker

Il est aussi intéressant de constater le paradoxe entre l’ancien féminisme et le féminisme moderne qui reproche à la société de ne pas suffisamment avoir de femmes auteures ou réalisatrices de cinéma mises en avant sans avancer d’argument autre que la parité, une bête égalité de résultat. Ceci implique alors de valider une œuvre non pas pour son contenu mais pour l’identité sexuelle de celui ou celle qui l’a réalisée.

Il existe d’autres cas où, pendant un temps plus ou moins long, une catégorie a réussi à en dominer absolument une autre. C’est souvent l’inégalité numérique qui confère ce privilège : la majorité impose sa loi à la minorité ou la persécute. Mais les femmes ne sont pas comme les Noirs d’Amérique, comme les Juifs, une minorité : il y a autant de femmes que d’hommes sur terre. Souvent aussi, les deux groupes en présence ont déjà été indépendants : ils s’ignoraient autrefois ou chacun admettait l’autonomie de l’autre; et c’est un événement historique qui a subordonné le plus faible au plus fort : la diaspora juive, […] En ce sens le rapprochement établi par Bebel entre femmes et le prolétariat serait le mieux fondé : les prolétaires non plus ne sont pas en infériorité numérique et ils n’ont jamais constitué une collectivité séparé.

Le deuxième sexe – première partie, page 18

L’idée du privilège masculin existe déjà de ce temps, sans jamais être clairement défini toutefois. La perspective de ce privilège est cependant issue d’un marxisme classique, ce qui fait que Simone de Beauvoir n’aurait pas été une féministe intersectionnelle. On ne cesse de comparer la relation homme-femme à celle du blanc bourgeois et de l’homme noir cireur de chaussures tout en nuançant car hommes et femmes ne constituent pas deux groupes ayant évolués l’un indépendamment de l’autre au cours de l’histoire. La classe sociale et le sexe étant alors plus importants que la couleur de peau ou la religion.

Town Holds ‘White Privilege’ Essay Contest for Teens ...
L’idée du privilège masculin existait déjà du temps de Simone de Beauvoir.

Destin

Chapitre premier – Les données de la biologie

Résumé : La première partie est une longue description de la femme en tant qu’être biologique, soulignant l’idée que, dans la bouche de l’homme, “mâle” serait glorifiant contrairement à “femelle” qui serait régressif. Pas mal d’analogies sont citées, elle parle également d’hermaphrodisme et de biologie végétale laquelle regroupe les plantes dioïques, monoïques et les plantes hermaphrodites. Elle parle aussi beaucoup de philosophie afin de comparer cette dernière aux données de la biologie (mythe de Platon, Hegel, l’être et le néant de Sartre, etc.). Elle dénonce des mythes anciens en les mettant à jour, comme par exemple un mythe antique qui pensait que le sperme se mélangeait aux menstruations pour former l’embryon, la passivité de la femme qui ne faisait que recevoir la semence larvaire et fertile de l’homme, opposant la vivacité du spermatozoïde à la lourdeur et la passivité de l’ovule, elle constate cependant que les deux ont le même rôle et s’annihilent pour former l’embryon, déplorant qu’on en fasse une analogie avec l’homme actif et la femme passive au foyer. Elle fait également le constat que chez les insectes sociaux, comme abeilles, fourmis et termites, la femelle est beaucoup plus prépondérante et le mâle un simple fécondateur subordonné. Elle soulève également l’existence de la prise en charge des œufs chez le mâle hippocampe.

Il est fait mention que chez la plupart des mammifères, le mâle domine la femelle durant le coït, que le rapport est plus que souvent forcé. Dans les données biologiques, est fait également mention de la question tabou de la comparaison du cerveau féminin et masculin. Pour ce faire l’auteur utilise la formule suivante avec :
-Puissance 0,56 du poids du corps s’ils appartiennent à la même espèce.
-Poids absolu de l’encéphale : Homme (1.360 grammes) & Femme (1.220 grammes)
-Poids relatif de l’encéphale : Homme (1/48,4) & Femme (1/44,2)

Pour l’homme : P 0,56 = 498 1 360/498 = 2,73

Pour la femme : P 0,56 = 446 1 220/446 = 2,74

On aboutit à l’égalité. Mais ce qui enlève beaucoup d’intérêt à ces débats soigneux c’est que nul rapport n’a pu être établi entre le poids de l’encéphale et le développement de l’intelligence.

Le deuxième sexe – première partie, page 72
Hippocampe, Poissons, Des Animaux, Nautiques
L’appel à la nature est une très mauvaise idée pour qualifier l’homme ou la femme. Dans les deux cas, on pourra trouver un exemple et son contre-exemple.

Analyse : Beaucoup de comparaisons avec le vivant dans le monde animal comme végétal s’apparentent à un sophisme d’appel à la nature à première vue mais n’oublions pas que son but est de définir le féminin, la femme. Le but de l’auteur étant alors précisément d’éliminer les arguments poncifs du type appel à la nature pour définir le rôle naturel de la femme. Il s’agit donc en réalité d’une démonstration par l’absurde en démontrant que si la femelle est dominée dans la plupart des cas chez les mammifères, beaucoup d’insectes sociaux ou la mante religieuse, par exemple, renversent ce rapport de domination. Ceci rend cependant le propos du livre un peu confus : L’humain est en effet plus proche des mammifères dont il fait partie que des insectes.

Le calcul réalisé pour mesurer l’égalité des cerveaux part du principe que la masse proportionnelle mesure l’intelligence mieux que la masse absolue. Il est légitime de poser la question à une féministe qui citerait Simone de Beauvoir si ce genre de raisonnement est pertinent : Un homme qui aurait proportionnellement autant de muscles qu’un autre mais qui serait plus petit est-il tout aussi fort ? Pour accréditer cette thèse il faudrait que les neurones soient proportionnellement plus petits également chez les femmes mais non seulement cela n’est pas le cas, mais en plus, les femmes en ont moins que les hommes. Comme nous l’avons déjà évoqué, l’homme a en moyenne 16% de neurones en plus que la femme. Ceci ne constitue aucunement une preuve de l’intelligence supérieure des hommes sur les femmes car il reste à prouver que le nombre de neurones soit corrélé à l’intelligence, comme le dit l’auteur, en plus de nécessiter une démonstration de comment ils sont exploités.

Chapitre deuxième – Le point de vue psychanalytique

Résumé : La psychanalyse est abordée, et en particulier Sigmund Freud. Comparée à une religion, ensemble de concepts en apparence rigides mais d’une souplesse gênante, la psychanalyse est ici évaluée sous le prisme du sexe et de la sexualité. On y parle de sexualité de la femme, vue comme virile car d’essence masculine. On y parle également du complexe d’Electre, version féminine du complexe d’œdipe. Dans les deux cas, on parle du complexe de castration de l’enfant (le garçon par sa peur d’être castré par son père ce qui le castre en soi et la fille par l’absence même du membre viril.). Simone de Beauvoir critique le fait que ce ne soit qu’un calque féminin d’un concept masculin qui implique que la femme se sente comme un homme mutilé et que le pénis soit un prétexte à humilier celles qui en sont dépourvus. Elle critique également le manque d’intérêt de la psychanalyse sur la sexualité féminine en parlant du clitoris et du vagin. La femme a ainsi plus de zones érogènes que l’homme et donc son orgasme s’exprimera autrement. Elle décrit la honte de ne pas avoir de pénis comme le fait de regretter ne pas avoir les privilèges masculins. Elle décrit également la volonté de puissance masculine comme s’accompagnant du complexe d’infériorité de l’homme entraînant un conflit lui faisant usage de toutes les ruses pour éviter d’avoir à éprouver le réel qu’il ne peut surmonter. Il s’agirait ainsi de la névrose masculine. Elle mentionne que le prestige du pénis proviendrait du fait que la femme soit objet et non sujet de la sexualité. Elle établit alors l’hypothèse que la libido féminine soit vue comme passive à cause de la tendance naturelle de l’homme à rabaisser la femme, que c’est ainsi qu’il se transcende.

Couple, Amour, Baiser, Étreinte, Beauté, Parc
C’est dans l’ouvrage de Simone de Beauvoir que l’ont retrouve également la préoccupation des féministes à propos de l’homme actif et de la femme passive dans leurs rapports sociaux.

Analyse : L’analyse de la psychanalyse est plutôt juste sur certains aspects, notamment les critiques de Freud sont fondées, par exemple sur le fait que le complexe d’Electre n’est qu’une féminisation du complexe d’œdipe. De façon générale, la psychanalyse est largement critiquée par les psychologues et la communauté scientifique. Les féministes actuelles parlent énormément de la sexualité féminine, par exemple avec la description du clitoris et de son rôle dans le plaisir féminin (la clito-culture et la présentation du clitoris sont alors vus comme un enjeu de lutte). Il faut tout de même noter que la plupart des scientifiques qui ont mis en évidence cet organe sont des hommes.

Chapitre troisième – Le point de vue du matérialisme historique

Résumé : Ce chapitre aborde la condition de la femme à travers l’histoire, du point de vue de la propriété et du pouvoir.
On y établit un parallèle entre les anciennes inventions nécessitant une grande force comme la massue pour lutter contre les bêtes sauvages et les machines modernes nécessitant moins de force musculaires pour démontrer le déclin de la différence musculaire entre homme et femme. Sachant que c’est cette différence qui conférait un certain pouvoir à l’homme. Si la force masculine s’est rendue dispensable, elle ajoute :

Quant aux servitudes de la maternité elles prennent selon les mœurs une importance très variable : elles sont accablantes si on impose à la femme de nombreuses procréations et si elle doit nourrir et élever les enfants sans secours; si elle procrée librement, si la société vient à son aide pendant la grossesse et s’occupe de l’enfant, les charges maternelles sont légères et peuvent être facilement compensées dans le domaine du travail.

Le deuxième sexe – première partie, page 97

La séparation des rôles primitifs de l’homme à la chasse et de la femme au foyer se sont faits à l’âge de pierre.

Par la découverte du cuivre , de l’étain, du bronze, du fer, avec l’apparition de la charrue, l’agriculture étend son domaine : un travail intensif est exigé pour défricher les forêts, faire fructifier les champs. Alors l’homme recourt au service d’autres hommes qu’il réduit en esclavage. La propriété privée apparaît : maître des esclaves et de la terre, l’homme devient aussi propriétaire de la femme. C’est là la grande défaite historique du sexe féminin.

Le deuxième sexe – première partie, page 98

Elle parle de la femme dans le mariage monogame comme d’une propriété privée, dont l’adultère est la seule arme. La route vers l’égalité entre les sexes passe par l’émancipation sexuelle des femmes. On compare encore une fois la femme au prolétaire. Simone de Beauvoir insiste sur la situation de la femme sous l’U.R.S.S et la volonté du socialisme d’abolir la famille. Elle cite les traveaux d’Engels avec son essai l’origine de la famille, de la propriété privée et de l’état.

Analyse : L’analyse faite contient une grande part de vérité : Autrefois, la femme avait besoin de l’homme pour la défendre, ce que Simone de Beauvoir ne soulignera bien évidemment jamais et de sa force pour bâtir la civilisation, l’agriculture, etc. Néanmoins, avec l’avènement de la révolution technologique, la force est devenue une ressource superflue et les femmes peuvent faire le même travail qu’un homme en appuyant simplement sur un bouton (d’une machine souvent conçue par un homme, cela dit). L’homme ayant toujours été relégué aux métiers les plus difficiles et les plus dangereux. L’abolition de la famille est manifeste dans ce livre, le but étant de libérer la femme de son homme. En effet, le mariage est vu comme un esclavage féminin aux yeux de l’auteur qui se garde bien de parler de la condition de l’homme marié. Ce dernier est décrit comme possédant la femme alors que le mariage lui attribue aussi des responsabilités supplémentaires.

Histoire

Chapitre premier

Le cours du monde a toujours été dominé par les hommes, ce qui témoigne de la domination des hommes sur les femmes, selon Simone de Beauvoir. Elle parle du rôle guerrier de l’homme en mentionnant les Amazones. Elle distingue la tribu primitive de la civilisation à cause de la volonté de se dépasser, de ne pas stagner mais de se transcender. La femme nomade serait d’ailleurs plus enclin à considérer l’enfant non comme une richesse mais comme un fardeau (sachant que le nombre d’infanticide serait plus élevé chez ces mères). Le rôle de l’homme, dans tout cela, ne se limite pas à être un reproducteur : C’est un être qui trouve son humanité dans les risques qu’il prend, par ce qu’il conquiert et ce qu’il bâtit. Ses réussites gonfleraient alors son orgueil. La supériorité est donnée non pas au sexe qui engendre la vie mais à celui qui tue.

Analyse : Une fois de plus, Simone de Beauvoir compare le patriarcat civilisé aux anciennes tribus nomades où la femme a plus de liberté et affirme que l’enfant n’est pas une richesse. Elle reconnaît déjà que les femmes commettent le plus d’infanticides, en particulier quand elles sont dans une société non-patriarcale. Scoop : le patriarcat protège donc les enfants de la violence féminine !

Chapitre deuxième

La femme est une entité mystique, vue comme la seule porteuse de vie dans les tribus primitives, la part masculine étant inexpliquée. On trouve aussi chez l’agriculteur une association forte entre la terre et la femme. Cependant, la femme n’est magique que dans son appartenance à un groupe : individuellement, elle n’est qu’un fait biologique. Ce chapitre parlera aussi des divinités féminines.

Analyse : Simone de Beauvoir revient à une logique ancienne de culte de la fertilité féminine qu’on retrouve par exemple dans la Vénus de Willendorf. Sachant que cette évocation est contradictoire avec l’aspiration de “libération” des femmes par la non-maternité, on peut donc décrire que phénomène MGTOW repose lui sur une désacralisation de la femme et ne peut donc qu’être positif dans cette libération.

Chapitre troisième

Le chapitre parle de la place légale de l’homme par rapport à la femme. Du pater familias de Napoléon mais également dans le Coran, ainsi que d’autres patriarcats comme la Rome antique et la Grèce antique. Pour abolir les inégalités, il faudrait abolir le mariage qui restreint les femmes aux foyer, source principale de l’oppression des femmes.

Analyse : Le mariage étant à l’heure actuel un acte de foi qui se fait de plus en plus rare, il est permis de se poser la question de l’impact de son déclin. Il n’est pas prouvé que cela ait amélioré les conditions de vie des femmes. Il semble d’ailleurs que ce soient surtout les femmes qui veuillent se marier.

Chapitre quatrième

La chrétienté serait pour beaucoup dans la subordination de la femme, malgré la miséricorde de la femme adultère, il reste un célèbre passage du nouveau testament fondamentalement antiféministe :

(22) Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur; (23) car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise, qui est son corps, et dont il est le Sauveur…

Epître aux éphisiens 5:22 , Nouveau testament

Il s’agit d’une citation de Saint-Paul. Ce chapitre parlera aussi de Saint Thomas qui définit la femme comme un être incomplet. Ces lois de l’église ont été mélangées à des traditions Germaines barbares. Il parlera aussi de la situation de la femme au moyen-âge également, sous l’absolue dépendance du père. Il dénonce également l’amour courtois et la chevalerie, qui n’a aucunement améliorée la situation de la femme selon l’auteur. Il n’y aura que dans la philosophie, avec Rousseau et Diderot, que l’infériorité de la femme sera remise en question sous le prisme du fait de la société.

Analyse : Si la place de la femme dans les religions abrahamiques ne fait aucun doute, il est surprenant de découvrir que la courtoisie est décrite comme une domination des femmes, ce qui n’est pas sans rappeler la position anti-drague de Valérie Rey-Robert. Pourtant, l’archétype du chevalier est encore très présent actuellement dans la société, jusqu’à devenir une caricature : l’homme servile et anormalement intéressé, vénérant les femmes comme des déesses. De notre point de vue, il s’agit d’une rationalisation visant à nier le plus évident des privilèges féminins.

Chapitre cinquième

La révolution française n’a pas non plus été favorable aux femmes car fondamentalement bourgeoise et défendant la bourgeoisie. La femme ne subit cependant plus une oppression sexuelle mais économique : Les femmes peuvent avoir accès aux métiers mais pas à tous les métiers. La femme ne peut jouir de droits que si elle est mariée et elle doit obéissance à son mari (selon le code de Napoléon). La hiérarchie d’autorité est de l’homme sur la femme et de la femme sur l’enfant. Auguste Comte ira jusqu’à dire que la féminité est une forme d’enfance continue.

Elle parle également de Balzac qui aurait dit :

La destinée de la femme et sa seule gloire sont de faire battre le cœur des hommes.

La physiologie du mariage, Honoré de Balzac

Son antiféminisme serait causé par sa défense de la bourgeoisie, menacée par les idées progressistes qui commencent à apparaître. Le féminisme est né dans la gauche et les principales oppositions furent les conservateurs. Marx vanta les capacités des femmes, notamment en critiquant les patrons qui payent moins les femmes alors quelles font un meilleur travail dans l’industrie du textile. Il y aura l’évocation de chiffres de femmes ouvrières et de syndiquées très faible à côté des hommes. Les principales oppositions à l’avortement sont historiquement chrétiennes : il n’est pas fait mention de ce droit dans le monde romain mais pas non plus de sa répression.

Analyse : Le fait que la révolution soit fondamentalement bourgeoise est ironique car il en est de même pour le féminisme. Donc, on ne pourrait pas nier, en citant Simone de Beauvoir, que les grands mouvements contestataires de gauche ne sont pas créés par des prolétaires, Karl Marx étant lui-même un bourgeois. L’auteur parlera des suffragettes et de leur pacifisme. Ceci est historiquement inexact : Le mouvement s’est rendu coupable d’attentat à la bombe. Vers la fin de ce chapitre, vous pourrez trouver un passage qui titillera les féministes se disant anti-système :

C’est une évolution de l’éthique masculine qui a amené la réduction des nombreuses familles par le birth-control et partiellement affranchi la femme des servitudes de la maternité. Le féminisme lui-même n’a jamais été un mouvement autonome : ce fut en partie un instrument aux mains des politiciens, en partie un épiphénomène reflétant un drame social plus profond.

Le deuxième sexe – première partie, page 222

Mythes

Chapitre premier

L’auteur fait la remarque que la naïveté arrogante des hommes l’a poussé à croire et à faire croire que sa présence est un fait et un droit là où la femme, elle, ne serait qu’un accident. Mais un bien heureux accident.

Si bien que, incapable de s’accomplir dans la solitude, l’homme dans ses rapports avec ses semblables est sans cesse en danger : sa vie est une entreprise difficile dont la réussite n’est jamais assurée. Mais il n’aime pas la difficulté ; il a peur du danger. Il aspire contradictoirement à la vie et au repos ;

Le deuxième sexe – première partie, page 238

La femme serait avant tout défini comme l’autre, le mal donc. Un mal qui est nécessaire au bien, ce bien qui peut le retourner afin d’accéder au Tout. L’homme aurait horreur de la mort et de la gratuité, il a en horreur d’avoir été engendré et voudrait ainsi renier ses attaches animales. Par ce sentiment, il voudrait affirmer son existence singulière et se reposer orgueilleusement sur sa différence essentielle. C’est pour cette raison qu’il jettera sur la femme des croyances, des malédictions sur les règles. Ces menstruations qui feraient qu’une femme, au contact de la viande, risqueraient de la souiller. Cela expliquerait également le traitement différent de la virginité vue comme une honte chez les hommes et un trésor précieux à préserver chez la femme. Précieux au point de faire du sang virginal de la première fois un événement ou de célébrer l’immaculée conception de la vierge Marie. La femme est comparée à une plante en plus d’être artificialisée par l’homme. Or, la nature comme la femme sont vues comme mauvaises, comme cruelles. Positivement, on ne parle des femmes qu’en termes de beauté et de spiritualité féminine.

Analyse : Pour mieux coller à la réalité, l’analyse devrait être formulée dans un sens exactement inverse : La femme est la base de l’espèce et l’homme autre. Pour définir sa place, il a dû se forger la masculinité pour plaire aux femmes et trouver sa place dans le monde. Mieux encore, la présence de l’homme est profitable à la femme pour bâtir la civilisation. En effet, les sociétés matriarcales, vantées dans le livre, sont très peu développées. C’est donc bien l’homme qui est un accident mais un bienheureux accident.

Chapitre deuxième

I – Montherlant ou le pain du dégoût

Le Montherlant est décrit comme un individu faisant preuve d’un orgueil manichéiste comparable à celui de pythagore. Simone de Beauvoir avance que les époques de faiblesses ont exalté l’éternel féminin, où on prête des figures positives comme l’intuition féminine ou des déficiences comme l’illogisme à la femme. Montherlant, s’étant intéressé à l’idéologie nazie, serait selon Simone de Beauvoir haineux qu’une femme lui ait donné naissance et la projette sur les autres femmes.

II – D. H. Lawrence ou l’orgueil phallique

Lawrence ne définirait pas comme Montherlant l’homme et la femme selon des rapports singuliers différents mais comme des individus complets à part entière et parfaitement polarisés qu’il faut replacer dans la vérité de la vie. Il fait l’éloge du phallus optimiste et considère que cerveau et sexe ne sont pas antithétique. Selon Simone de Beauvoir sa vision tire la femme vers le bas de la polarité sachant qu’elle nait sans phallus.

Le phallus est un volume de sang qui remplit la vallée de sang de la femme. Le puissant fleuve de sang masculin enterre dans ses ultimes profondeurs le grand fleuve du sang féminin… pourtant, aucun des deux ne rompt ses barrages. C’est la communion la plus parfaite… Et c’est un des plus grands mystères.

Le deuxième sexe – première partie, page 343

III – Claudel et la servante du Seigneur

Auteur catholique, il voit le sexe féminin comme un mal nécessaire au bien de façon optimiste. Selon lui, même s’il y a hiérarchie familiale à respecter, la femme a parfaitement sa place dans l’univers, dans son harmonie.

IV – Breton ou la poésie

Selon Breton, la femme est une énigme, un songe. Elle ne devient concrète que dans l’amour et révélerait un rôle pacificateur pour apaiser l’homme.

V – Stendhal ou le romanesque du vrai

Seul auteur que Simone de Beauvoir encensera, Stendhal a connu les femmes et les aiment sensuelles. Il n’adhérera pas à la pédanterie du mystère féminin, opposant par exemple l’esprit vif de la femme contre la solidité masculine ou la délicatesse féminine dans les idées contre la force d’attention masculine. Selon Stendhal, le pire handicap des femme étant avant tout une éducation abrutissante. En effet, selon Simone de Beauvoir, les antiféministes considèrent les femmes cultivées et intelligentes comme des montres et Stendhal était un authentique homme féministe.

VI partie

A la lecture de ces données et de ces auteurs, Simone de Beauvoir conclut que la femme est définie comme n’étant que la chair, celle qui donne la vie, comme étant nature. Pour se définir, l’homme devra définir la femme comme étant l’autre afin de se poser. Le phallus n’a d’existence et de transcendance que grâce à l’autre.

Analyse : Le premier auteur, Montherlant, est un auteur misogyne associé au parti nazi. Une figure idéale donc pour parler de l’antiféminisme et de la déconsidération des femmes, indépendamment des faits. Il en est de même pour l’auteur Claudel, catholique, donc associé au patriarcat. Breton et Lawrence, outre leur extravagance et leur lyrisme pompeux, sont décrits comme mystifiant la femme, sans qu’elle ne se dégage du rôle de son rapport à l’homme, de son rapport au phallus. Seul Stendhal, visiblement auteur féministe et louant le poncif de l’éducation qui briderait les capacités des femmes. En ce qui concerne cet auteur, il est très partagé entre des visions très Redpill et d’autres très Bluepill. Le choix de cet auteur prête donc à sourire car beaucoup de ses œuvres seraient critiquées aujourd’hui pour décrire le gynocentrisme inconsciemment.

Chapitre troisième

Tout le mythe de la femme ne reposerait que sur ce seul but : définir l’autre. En réalité, chaque femme est unique et les hommes ne font que rêver. Ils s’imaginent une idée de féminité incohérente : Un corps qui serait idéal mais refusant les règles, qui sont typiquement féminines. La femme est un foyer et il en fait une immanence pour définir sa transcendance. Un retour en arrière n’est pas possible et n’est pas souhaitable.

Que les hommes assument sans réserve la situation qui est en train de se créer, alors seulement la femme pourra le vivre sans déchirement.

Le deuxième sexe – première partie, page 408

Analyse : Bien qu’un retour en arrière ne soit pas possible, en effet, il est amusant de constater que cette conclusion tranche avec une phrase qu’elle aura formulé : “N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question.” et qui tend à se confirmer en ces années troublées.

Conclusion de la première partie:

Ainsi, la femme ne serait définie comme l’autre que parce que la domination de l’homme sur cette dernière ne se justifie que par l’altérité. Ainsi, au regard des sciences biologiques, de la psychanalyse et de l’histoire, l’émancipation des femmes est encore à construire pour qu’elle soit considérée comme un être humain à part entière. Elle blâme d’une certaine façon les femmes de ne pas s’être définies en tant qu’humains. Le livre est fondamentalement opposé au mariage, pro-adultère et a donc un lien certain avec les problèmes sociétaux actuels comme la libéralisation sexuelle. De là viendra la plus célèbre citation de Simone de Beauvoir à côté de laquelle nous ne pouvions passer :

On ne naît pas femme, on le devient.

Simone de Beauvoir

Cette phrase a été longtemps utilisée comme un slogan féministe mais elle est inexacte. En effet, dans la société occidentale actuelle, la femme est un individu dont la féminité est immanente : Contrairement à l’homme, dont la masculinité doit être constamment prouvée, on ne mettra pas en doute le fait qu’une femme soit une femme.

Gleeden : non, nous ne sommes pas d'affreux «bigots ...
Qu’aurait pensé Simone de Beauvoir de la situation de la femme moderne de 2019 ?
Une chose est certaine, elle aurait été ravie de l’existence de l’application Gleeden.

Cette première partie du livre n’est pas toujours factuellement exacte et opère de nombreuses approximation malgré un certain travail de recherche. A l’issue de la Partie II de notre analyse, nous serons en mesure de donner notre verdict !

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3 réponses à “Le deuxième Sexe – Simone de Beauvoir (Première partie)”

  1. Ce bouquin me parait effectivement EXTREMEMENT gynocentré, comme toute oeuvre féministe. Comment osent-elles prétendre parler d’égalité H/F s’ils ne tiennent compte que d’un seul sexe?!?

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