Le manège à queues

Le manège à queues

Cet article ouvre un diptyque sur le manège à queues et ce qu’il implique pour la femme (et accessoirement pour l’homme). Il sera complété prochainement par un article sur la sortie du manège.

Qu’est-ce que le manège à queues ?

Le manège à queues est une période de la vie féminine de prime abord incompréhensible pour l’homme moderne. L’homme moyen (les 80% d’hommes que les femmes considèrent “inférieurs à la moyenne”…) recevra principalement de la part des femmes des fins de non-recevoir jusqu’à la deuxième moitié de sa vingtaine. Quand on ne lui dira pas clairement non, on s’ingéniera à lui faire comprendre qu’il n’est pas vraiment digne de prétendre au cœur des femmes. On s’évertuera à l’amifier chaque fois que c’est possible plutôt que de le considérer comme un possible partenaire.

Ainsi le naïf se demande bien ce qu’est devenue la libération sexuelle dont on lui avait tant parlé. Pire, il croit que si lui-même ne profite pas vraiment d’une sexualité épanouie, les femmes sont dans le même cas. Heureux les faibles d’esprit !

A la vérité, à partir de ses 18 ans et pendant une dizaine d’années, s’ouvre pour la femme contemporaine une période de frénésie sexuelle qu’on peine à se figurer, l’étourdissante magie du manège à queues. Jusqu’à la fin de sa vingtaine voire au début de sa trentaine, la femme moderne va rencontrer des hommes à en oublier le nombre, elle va embrasser à s’en endolorir la mâchoire, elle va explorer sa sexualité à s’en distendre les chairs. Par pudeur nous ne listerons pas les imaginatives pratiques auxquelles elle se livrera et nous ne chercherons pas à conter le récit de ses exploits. Ce serait d’ailleurs bien trop long pour un simple article.

Le manège ne concerne certes pas toutes les femmes. Certaines épouseront leur premier amour à 19 ans ou resteront mesurées dans leurs fréquentations (souvent par isolement géographique ou social…). Mais en ce siècle, la majorité des femmes passera par le manège…

Monter dans le manège

Comment monte-t-on dans le manège à queues ? A peu près comme un toxicomane a commencé à se droguer. Il y aura des initiatrices au dévergondage (des amies, la pression du groupe, une grande sœur…), un travail de sape des dernières résistances (« Mais non, c’est pas grave, tout le monde le fait après tout ») et assez vite le tournis des tours de manège qui s’enchaînent, toujours plus rapides.

Si le manège existe et séduit les jeunes filles, c’est parce que le contexte le rend possible. Le manège présente pour la femme de nombreux avantages dont notamment le divertissement et la récompense pécuniaire.

Le manège comme divertissement

Nous sommes tous attirés par la nouveauté et par le changement. Nous vivons dans une époque de zapping et de gratification immédiate. Internet et les réseaux sociaux en jouent et en profitent. Passer d’un homme à l’autre (ou d’une femme à l’autre) peut satisfaire cette envie de nouveauté, cette néophilie. Chaque homme est distrayant dans la phase de séduction, et le manège permet d’obtenir beaucoup d’attention de nombreux hommes très rapidement et sans effort. En profitant du manège, donc, toute femme “se sent vivre”.

Photo by rawpixel.com

Le manège est d’autant plus agréable qu’il n’implique aucune responsabilité. On peut enchaîner les partenaires sans jamais avoir à penser au lendemain. Sans aller jusqu’à faire une analogie avec le divertissement pascalien, la femme dans le manège ne pense pas au mariage et aux enfants. “On a le temps”…

Le manège comme système financier

Pour la femme désargentée, le manège est aussi l’occasion de profiter des ressources des hommes, sans vergogne aucune. Car tout le système moderne de la séduction tourne autour d’une rudimentaire parade amoureuse incluant restaurants, bars et sorties, cadeaux… Autant pour l’homme en amour, rien n’est gratuit, autant pour la femme tout est offert. Le manège est d’autant plus plaisant pour la femme qu’il ne lui coûte rien, même pas en réputation.

Le manège est donc bénéficiaire pour toute femme qui sait en profiter. Une femme adroite pourra pratiquement manger gratuitement tous les soirs (vive la galanterie) à l’aide d’une application de rencontre. Surtout, une femme matérialiste pourra ne fréquenter que des hommes plus riches qu’elle-même pour vivre dans une aisance que ses propres moyens ne peuvent pas lui fournir.

Le mirage de la liberté sexuelle

Le manège à queues sous sa forme actuelle est la conséquence directe de la libération sexuelle qui a réussi à scinder trois concepts jusque-là liés : morale, sexualité et reproduction. Le fruit était mûr dans les années 60, et une génération de jouisseurs n’a eu qu’à le cueillir. Pensant jouir sans entrave, de nombreux hommes ont milité pour la libération des mœurs (comprendre son affaiblissement et la mise en place d’un libéralisme sexuel…). Et certes ils ont réussi à court terme, mais en instaurant le manège à queues qui devait rapidement accoucher de la misère sexuelle de certains hommes, qu’illustre Michel Houellebecq dans Extension du domaine de la lutte. Parce que dans le système du manège, comme dans tout système libéral, il n’y a profusion que pour quelques-uns au détriment de nombreux hommes.

Le libéralisme sexuel, c’est l’extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société.

Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte

Pourquoi le manège ne s’arrête pas ?

Tel qu’il est conçu, le manège n’est pas près de toucher à sa fin. La soif des hommes pour des rencontres n’a jamais été aussi grande et les possibilités pour les femmes aussi nombreuses. Les femmes sont à la fois rares et désirables pour l’immense majorité des hommes qui ne peut que les fantasmer et les idéaliser. Et faute de clairvoyance, ces hommes en sont réduits à multiplier les compliments à des inconnues toujours moins réceptives. Stratégie en tout point perdante et qui entretient le manège.

Le manège est donc un cycle décennal de sexualité débridée. Pour les femmes, c’est un divertissement gratuit et sans limite. Pour les hommes, une disette sexuelle et affective. Comment les femmes sortent-elles du manège ? Nous le verrons dans notre prochain article.


6 réponses à “Le manège à queues”

  1. Malheureusement, nous hommes, sommes bêtes collectivement, c’est pourtant si évidant qu’on est perdant dans le manège, mais la misère sexuelle ferment les yeux de certains

  2. J’entends et je reconnais bien là certaines femmes que j’ai pu rencontrer par le passé. En revanche, cet article est extrêmement généraliste. Toutes les femmes passeraient donc par ce “manège à queues” ? Sources ? J’ai cliqué sur tous les liens de l’article, et je ne vois que des cas isolés en ce qui concerne cette question.
    Quand on se plaint sans cesse des généralités que se permettent les féministes à l’égard des hommes, il me paraît censé que les MGTOW se gardent de faire des généralités concernant les femmes.

  3. Je l’ai bien observé ce manège.
    Même pour des filles dites “timides”.
    J’ai vu des filles rester en couples pendant 4 ans, puis se séparer, enchainer les coups d’un soir et se plaindre de ne pas trouver l’amour. L’absence de la nécessité de draguer de manière active (comprenez ici, faire le premier pas, se mettre à nu, faire comprendre de manière non subtile que la personne en face nous plait) y est pour beaucoup.
    J’ai vu des garçons, au contraire, vivre des périodes de carence sexuelles très longues car incapable de pratiquer cette drague active. Ce ne sont pas des connards, des abrutis ou quoi, juste des mecs qui ne savent pas s’y prendre, ou qui, dans mon cas, ont peur de passer pour des gros porcs. Après t’être fait passé devant par tous les garçons qui eux n’hésitent pas à “y aller” tu finis par changer de mentalité, mais c’est bien plus compliqué que ça n’en a l’air.
    Pour les filles, “draguer” consiste souvent à des regards en coin, des sourires, rire à une blague pas drôle. Bref, c’est subtile et ça leur suffit pour avoir une vie sexuelle épanouie.
    Si un mec se contente de ça, il finit en friend zone (oui, ça existe la friend zone n’en déplaisent à certaines) et se la met derrière l’oreille.
    Je ne comprendrais jamais ces filles qui prétendent ne pas avoir confiance en elles alors qu’elles se font ouvertement draguer par 4-5 mecs en même temps ou enchainent les coups d’un soir.
    Les conséquences de cette bilatéralité des rôles, c’est qu’un mec aura tendance à exagérer son nombre de conquête, à l’inverse des hommes. Ceux qui me parlent de pression sociale pour ne pas “passer pour une biatch” à cause du “slutshaming”ne se sont certainement jamais fait traité de gros pervers pour avoir regardé à gauche et à droite avant de traverser, Ils ne se sont jamais fait traités de gros porcs pour avoir dis bonjour à une fille.

  4. J’avais déjà entendu parlé de ce concept dans une vidéo de Contrapoints sur les incels… mais en lisant ça, je ne peux qu’être affligé par un tel ramassis de connerie. Ça suinte le ressentiment et la frustration, mais c’est distrayant de voir que les mascus qui reprochent aux féministes leur malhonnêteté et leur manque de nuance sont capable de produire ce type d’argumentaire

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