Introduction à l’anti-féminisme (Partie VI) : Victimation féminine, les oubliées

Introduction à l’anti-féminisme (Partie VI) : Victimation féminine, les oubliées

Le sommaire et la présentation de cette série d’article est consultable ici : Introduction à l’anti-féminisme
Les articles sont disponibles en version audio ici : Lectures audio des articles
L’intégralité du propos sera consultable en livre à partir du premier trimestre 2021. Cet article représente environ
75% du troisième chapitre et 75% du propos relatif à la victimation oubliée des femmes.

Préambule

Du discours féministe sont aussi exclues les femmes victimes d’autres femmes. Elles ne valident pas l’idéologie, alors, comme les hommes victimes, elles restent mises de côté. Cependant, leur victimation n’est pas négligeable, ni en théorie, ni dans les faits. En nombres absolus, cette victimation sera forcément plus faible du fait du caractère minoritaire de la population lesbienne. Mais en chiffres relatifs, la population lesbienne est tout autant à risque (violences sexuelles et conjugales).

Ironically, although many founders of the battered women’s movementwere lesbians, the issue of battering between women often remains deeply buried, ignored or denied by heterosexual women and lesbians alike

Domestic Violence in Lesbian Relationships, Miller et al. (2001)

NDLR : Cet article n’aura d’autre choix que de se tourner vers des chiffres étrangers, faute de mieux. Cette seule limitation dans un contexte où la cause des LGBT+ est plus que jamais sur le devant de la scène devrait déjà attester de l’abandon auquel ces victimes doivent faire face.

I) L’ampleur du phénomène

Violences conjugales et sexuelles

L’ampleur réelle de cette victimation est incroyablement délicate à mesurer (Burke & Follingstad, 1999 pour une revue exhaustive). Néanmoins, les quelques chiffres à notre disposition sont impressionnants et contre-intuitifs. On pourrait croire que les couples les plus violents sont les couples gays, et les moins violents sont les couples lesbiens étant donné qu’on associe la violence et les comportements dominateurs aux hommes (a fortiori commis dans un contexte conjugal). Non seulement ce n’est pas le cas, mais en plus il n’est pas impossible que ce soit plutôt l’inverse.

Le CDC (NISVS, 2010) estime que près de la moitié des lesbiennes subissent des violences conjugales (44%, contre 26% d’hommes gays, 35% de femmes hétérosexuelles et 29% d’hommes hétérosexuels). Contrairement à ce qu’en dit Messinger (2011) (et ainsi que moi-même par le passé), ceci n’implique pas que toutes ces lesbiennes victimes soient victimes d’une autre femme. En effet, 2/3 de ces femmes victimes l’ont été d’une femme uniquement (9/10 des hommes homosexuels victimes qui sont victimes d’un homme). Le tiers restant concerne donc des femmes victimes d’homme(s) ou bien d’homme(s) et de femme(s). Le nombre de lesbiennes victimisées par une femme serait donc plutôt similaire au nombre de femmes victimes moyen.

La recherche féministe insiste sur le fait que les hommes et les femmes ne reportent pas les abus qu’ils subissent de la même manière et qu’une sur-représentation des femmes victimes est possible en comparaison des victimes gays (e.g. Turell, 2000). Il est cependant assez étrange que cette limitation ne soit pas réellement mentionnée quand on compare les victimes hétérosexuelles, mais aussi qu’elle ne serve pas à défendre l’idée d’un sous-report des violences lesbiennes par rapport aux violences conjugales et sexuelles subies par les femmes et commises par les hommes :

These higher frequencies of violence/abuse by lesbians are consistent with those found by Waldner-Haugrud et al. (1997). Is this difference due to actual higher frequency or is it an artifact of the reporting process? Waldner-Haugrud et al. (1997) addressed these issues, and suggested that a higher frequency of these abuses in lesbian relationships may be caused by lesbian fusion and isolation. However, gender role socialization may make it easier for women to report themselves in the ‘‘victim’’ role, thus resulting in an underreporting by gay men. This study asked participants to check off partners’ behaviors; one must wonder if this task would suggest a ‘‘victim’’ role. Hopefully, this methodology reduced any disproportionate under reporting by gay men and yielded an accurate prevalence rate. And if these frequencies represent accurate reporting, future research will need to examine the question of why lesbians are more physically and emotionally abusive in relationships than gay men.

A Descriptive Analysis of Same-Sex Relationship Violence for a Diverse Sample, Turell, Journal of Family Violence 15(3), 2000

Violences conjugales

La méta-analyse Badenes, et al. (2015) est certainement la source la plus fiable que nous ayons à l’heure actuelle en parallèle de l’enquête du CDC. Elle conclut à une fréquence de 48% (44 à 52%, intervalle de confiance à 95%) au sein des couples lesbiens (violences physiques, sexuelles et psychologiques). Cependant, pour déterminer la fréquence des violences physiques, seules 3 études ont rempli leurs critères d’éligibilité. Ces trois études présentent des chiffres de 3% (Lie & Gentlewarrier, 1991), 45% (Lie, et al., 1991) et 56% (Turell, 2 000), soit une moyenne de 18%, avec un intervalle de confiance à 95% de 0 à 48%. C’est une amplitude énorme. On retrouve le même phénomène pour les violences sexuelles avec une moyenne de 14% (0 à 37%, intervalle de confiance à 95%).

Par ailleurs, aucune de ces trois études n’a d’échantillon représentatif de la population lesbienne. Leurs méthodes de mesure des violences ne sont pas standardisées. Ceci explique certaines données aberrantes (3% selon Lie & Gentlewarrier (1991) comparés aux 45% et 56% des deux autres études sélectionnées, ainsi qu’à l’étude du CDC (~30%) et l’ensemble de la recherche plus généralement (25 à 50%)).

Waldner-Haugrud, Gratch & Magruder (1997) remarque que les études trouvant une plus faible victimation des lesbiennes sont celles qui restent superficielles dans leur approche (simplement demander l’existence ou non de violence). Scherzer (1998) est un contre-exemple de cette tendance.

Violences sexuelles

Pour les violences sexuelles, on estime à un demi-million le nombre de lesbiennes agressées sexuellement. Comme pour les hommes victimes de femmes, la notion de viol est particulière puisque le coupable est une femme. Quel que soit le type de violence sexuelle, l’orientation sexuelle et l’année étudiée, au minimum 85% des femmes victimes le seraient par des hommes. Ceci pourrait faciliter la prise en considération par le féminisme de ces victimes. Elles valident votre idéologie, vous pouvez ne pas les ignorer sans crainte.

Cas du milieu carcéral

Un autre cas très contre-intuitif et traditionnellement perçu comme étant un problème masculin concerne les viols carcéraux. Les hommes ne sont clairement pas les seuls concernés par ce problème. Dans le cas des centres de détentions pour mineurs par exemple, le département de justice américain nous montre plusieurs choses. Premièrement, qu’il y a énormément de relations sexuelles, pourtant illicites. Il y a à la fois des relations entre détenu(e)s, mais aussi entre un(e) détenu(e)s et le personnel carcéral. Cependant, les situations des détenues sont différentes des situations des détenus (source) :

  • Pour les garçons, les relations sexuelles forcées entre détenus (2,2%) sont plus rares que les relations (forcées ou non, mais par nature abusive) avec le staff (8,2%). Avec le personnel, ce n’est pas forcément mal vécu. Il n’y a pas forcément de force ou de coercition, au contraire, il peut y avoir des avantages (cadeaux, favoritisme, une écoute, etc.). Les membres du personnel avec lesquels ils couchent sont principalement des femmes.
  • Pour les filles, c’est l’inverse. Les relations forcées entre détenues sont plus fréquentes (5,4%) que les relations (forcées ou non, mais de nature abusive) avec le staff (2,8%).
  • Parmi les détenu(e)s ayant déclaré une victimisation par le staff, près de 90% concerne un garçon reportant une relation avec une femme et 3% concernant un garçon reportant une relation avec une femme et un homme. Les garçons composaient 91% de l’échantillon et les femmes 44% du staff de centres sondés.
  • Parmi les centres de détention avec le moins de violences sexuelles (aucune reportée), on retrouve quatre centres mixtes. Parmi les centres de détention avec le plus de violences sexuelles, on retrouve deux centres mixtes.
  • Les centres pour filles sont ceux qui présentaient le plus haut taux de victimation entre détenus (5,7% en moyenne). Les centres pour garçons sont ceux qui présentaient le plus haut taux de victimation par le staff (8,2% en moyenne). Les centres mixtes sont à mi-chemin (3,7% entre détenus, 7,2 par le staff).
  • Parmi les cas prouvés (25 à 32% des cas), les situations sont inverses. Les filles sont sur-représentées. Elles représentent 11 à 17% des effectifs, mais 32 à 37% des victimes (source). Les femmes/filles ont été jugées coupables dans un quart des cas environ. Il est donc bien plus aisé de condamner les atteintes portées par un membre masculin du staff sur une fille, que toutes les autres formes de violences sexuelles.

Nature des violences

Bien que le consensus supporte l’idée d’une victimation similaire des lesbiennes par rapport à la population générale, il soulève aussi des différences au niveau des victimisations (e.g. West, 2002). En effet, les couples lesbiens présentent – de part leur nature et le contexte sociétal – un plus grand nombre de ressorts oppressifs :

  • L’un d’entre eux se manifeste par la menace « d’outer » (coming-out forcé) la conjointe.
  • Contrairement aux femmes dans une relation hétérosexuelle, elles ne bénéficient pas de l’a-priori qu’elles sont forcément la victime.
  • Pire encore, si la lesbienne victime est « butch » (masculine), alors elle sera encore moins convaincante dans le rôle de la victime et sera moins prise au sérieux.
  • La différence de force physique étant moindre, les violences subies sont également perçues comme étant moins importantes.
  • Ces violences seront perçues automatiquement comme réciproques puisque les relations lesbiennes sont perçues comme plus équilibrées et égalitaires.
  • L’exclusion de leur expérience au sein de la rhétorique entourant les violences conjugales, ainsi que l’exclusion (tacite ou explicite) des centres d’aides et des forces de l’ordre a, comme pour les hommes battus, de lourdes conséquences psychologiques. Ce à quoi s’ajoute l’homophobie de certaines ressources d’aides aux victimes de violences conjugales.

II) Lien avec le féminisme

Aide proposée

« Based on a study of 566 help providers, Renzetti (1996) noted the disparity between rhetoric and available services for battered lesbians. »

Intimate Partner Abuse and Relationship Violence, M. Harway, et al., American Psychology Association

Comme on l’a vu dans le précédent article, la rhétorique traditionnello-féministe « homme=coupable ; femme=victime » exclu les hommes victimes. Mais plus généralement, elle exclut les personnes victimes d’une femme. En réalité, c’est surtout là que le bas blesse. Admettre la culpabilité d’une femme et que ce genre de femmes n’est pas juste un cas isolé et ponctuel oblige à une remise en question de l’idéologie ainsi qu’à adopter une vision moins simpliste, moins caricaturale de la société et des relations entre les femmes et les hommes.

« We observe here that many sources of formal or official help frequently available to heterosexual victims of domestic violence are not perceived by lesbian victims to be sources of help available to them. Few respondents sought help from hotlines and women’s shelters and of those who did, most said they found them to be no help at all or only a little helpful. […] Unlike heterosexual victims who typically find women’s shelters to be a highly effective source of help (Bowker, 1986), most of the lesbian victims in the present study who went to shelters said they found them to be of little help or no help at all. […] subjects who went to shelters reported that they were sometimes turned away, or that staff members made them feel unwelcome or unsafe. »

Building a Second Closet : Third Party Responses to Victims of Lesbian Partner Abuse, C.M. Renzetti (1989)

On relate les cas de femmes victimes qui parviennent à fuir leur tortionnaire grâce à un refuge. Refuge qui par la suite acceptera la conjointe violente et lui permettra d’abuser de retour de la victime. Pour une femme lesbienne battue, un refuge pour femme n’en est pas un. Ces femmes ne sont en réalité pas plus assistées que ne le sont les hommes à ce sujet. Comme pour les hommes victimes, il faudrait expressément préciser si les lesbiennes sont bienvenues. L’accès aux personnes à mobilité réduite est le plus souvent indiqué par exemple, mais pas l’accès aux femmes lesbiennes. Comme pour les hommes victimes, elles ont peur d’être mal vues dans ce refuge, elles ont peur de faire peur, elles ont peur que l’aide ne soit adaptée qu’à la victimisation commise par un homme, etc.


Mauvaise interprétation des violences

À défaut de nier ou d’occulter ces violences, une bonne partie de la recherche féministe essaiera de tordre la réalité pour qu’elle corresponde aux théories féministes. On peut par exemple citer le chapitre 11 de Penser la violence des femmes  intitulé « La violence dans les relations lesbiennes : recension des écrits ». L’autrice féministe Vanessa Watremez signalera avec pertinence le manque de fiabilité de la recherche à ce sujet. Cependant, elle en conclura qu’il ne faut surtout pas désexualiser (dégenrer) l’étude de ces sujets. Les violences entre lesbiennes seraient comparables en terme de fréquence aux violences au sein des couples hétérosexuels, mais il faudrait maintenir une approche genrée (homme=coupable et femme=victime ; coupable=homme et victime=femme) plutôt que neutre.

On observe alors la même évolution du discours que pour la victimation masculine. D’abord on nie la prévalence, puis, face à l’évidence que les fréquences sont comparables, on va tenter de marquer une rupture ontologique des violences. Or, les violences reposent en réalité sur les mêmes ressorts (Carlson (1992), Miller, et al., 2001) – quoiqu’elle en dise – à l’exception de dimensions exclusives aux couples lesbiens (‘fusion’/’merging’, homophobie, outing, etc.). En résumé, la dépendance, le besoin de contrôle, la peur de perte de contrôle, l’alcool, avoir observé/subi des violences dans l’enfance, etc., expliquent les violences. L’hypothèse du patriarcat est parfaitement superflue.

Une relation de domination peut s’installer dans les couples lesbiens et nul besoin de domination masculine ou patriarcale. Le patriarcat comme source de domination est une hypothèse superflue et dont les prémices sont en contradictions avec les données à notre disposition.

Les éternelles divagations féministes ont de lourdes conséquences dans la pratique. Les programmes de traitements pour hommes violents présentent des résultats plus que mitigés. Pour résumer : quand les méta-analyses trouvent un effet positif du Duluth Model (i.e. la théorisation féministe des violences conjugales), ce n’est pas forcément le modèle le plus efficace ni le plus concluant ; il est positif (faible mais significatif) quand on se base sur des rapports officiels de récidive, mais pas quand on se base sur les sondages des victimes (i.e. des données bien plus fiables) ; il est positif quand les méthodologies des études sont peu rigoureuses ; l’efficacité est basée sur des mesures faites par les centres d’aide, dont le financement dépend de leur efficacité. L’effet est donc certainement nul, bien que les études sur le sujet restent plus réservées (Cheng, et al. (2019), Karakurt, et al. (2019), Arce, et al. (2020), Arias, et al. (2013), Babcock, et al. (2004), Feder & Wilson (2005)).

« By determining that the need or desire for power was the motivating force behind battering, we created a conceptual framework that, in fact, did not fit the lived experience of many of the men and women we were working with. The DAIP staff […] remained undaunted by the difference in our theory and the actual experiences of those we were working with […]. Speaking for myself, I found that many of the men I interviewed did not seem to articulate a desire for power over their partner. Although I relentlessly took every opportunity to point out to men in the groups that they were so motivated and merely in denial, the fact that few men ever articulated such a desire went unnoticed by me and many of my coworkers. Eventually, we realized that we were finding what we had already predetermined to find »

Propos de Ellen Pence dans Coordinating community responses to domestic violence : lessons from Duluth and beyond, Shepherd & Pence (1999), l’une des principales féministes à avoir financé l’application de cette théorie.

L’impossibilité de corriger ces interprétations

Les violences entre lesbiennes font partie des critères de réfutabilité de l’approche féministe (Duluth Model et donc une partie de la théorisation du patriarcat). Ce critère est rempli. L’efficacité du traitement féministe est un critère de réfutabilité du féminisme. On peut sans trop de risques considérer qu’il est rempli. Les autres critères sont la victimation moindre des hommes, le contexte des violences et leur nature. Ces critères sont eux aussi remplis.

NDLR : À quelques exceptions près peu pertinentes (la gravité des violences physiques qui relève de la force physique et non d’une quelconque domination sociale ; le sentiment de peur qui n’est pas une métrique pertinente pour comparer la situation d’un homme et d’une femme ; etc.), ces critères sont remplis. Le seul aspect qui n’est pas faux, mais interprété de manière malhonnête, c’est la légitime défense. Les femmes invoquent plus souvent la légitime défense comme origine de leur violence. Cette légitime défense reste rare, déclarative et surtout, on sait par ailleurs que les hommes victimes sont surreprésentés dans les couples où la violence est unidirectionnelle. La raison expliquant la plus fréquente légitime défense des femmes est que les hommes se défendent moins.

Malgré cela, le féminisme maintient sa position. Le Duluth Model continue d’être la principale thérapie pour conjoint violent. Le féminisme peut-il, dans son ensemble ou de manière significative, admettre s’être trompé et renoncer enfin à cette théorie ? Non. Le féminisme est anti-scientifique, révisionniste voire négationniste. Nous le verrons plus en détails dans la suite de cette introduction. C’est une idéologie dont le pouvoir est basé sur son discours victimaire de femme en détresse face à l’homme agresseur. Ce n’est qu’une évolution du gynocentrisme patriarcal adapté à un environnement (post-)industriel. Sans surprise, on retrouve alors des méthodes coercitives en tout genre, y compris au sein des féministes et des lesbiennes, dans le but de maintenir les prémices légitimant leur position.

« Research has revealed that in the LGB community, several common fears became an obstacle for a public discussion on the phenomenon. For example, an aspect frequently claimed was that recognizing IPV in the LGB community may be used to stigmatize the community itself, thereby contributing to building additional oppression and social marginalization (Kaschak, 2001; Ristock, 2003). Similarly, the feminist community was averse to discussing the phenomenon, particularly when it involved lesbian couples: a public discussion on lesbian IPV may increase negative reactions to feminism and female homosexuality; on the other hand, it may minimize the concern regarding male violence against women (McLaughlin and Rozee, 2001; Ristock, 2001, 2003).

[…]

Buttell and Cannon (2015) stated that IPV was not about genders, but more about power and control dynamics; thus, to assess and treat IPV, particularly LGB IPV, it is pointless to take into account gender-related stereotypes (Brown, 2008; Little and Terrance, 2010). However, the main resistance from the feminist community came from the risk that discussing lesbian IPV may threaten a feminist belief regarding women’s abuse, usually perpetrated by men who are influenced by misogyny and patriarchy. Gender and power were the main factors in this theory; therefore, lesbian victimization was considered both impossible (because of the inconsistency due to the absence of a man in the equation) or explained by the assimilation among lesbian women of misogyny and homophobia, which is subsequently projected on to their partners as women and homosexuals (Ristock and Timbang, 2005). »

« When Intimate Partner Violence Meets Same Sex Couples: A Review of Same Sex Intimate Partner Violence », Rollè, et al., Frontiers in Psychology (2018)

Le féminisme n’est qu’un gigantesque raisonnement circulaire ayant pour prémices les stéréotypes patriarcaux et qui formulent constamment des hypothèse ad hoc par pure mauvaise foi. Il est impossible de sortir de ces raisonnements fallacieux, voyez plutôt par cet exemple : « Le phénomène des violences domestiques entre partenaires de même sexe montre que [les violences conjugales] ne sont pas un problème genré, mais un problème de pouvoir. Certaines personnes, si elles ont la possibilité de ne pas assumer les conséquences de leurs actes abusifs, le feront par soif de pouvoir […]. Le sexisme crée l’opportunité pour les hommes hétérosexuels d’abuser de leur paterenaire, et l’homophobie – un outil du sexisme – permet aux gays et lesbiennes d’abuser de leur partenaire. Certains hommes hétérosexuels abusent de leur partenaire parce qu’ils [savent qu’ils] peuvent s’en sortir sans subir de conséquence. » (Eliott, 1996). Même devant les preuves de leurs erreurs, et même en entamant une remise en question de leur position, il s’agira en réalité d’une tentative de renforcement de leur position. La réalité, c’est que les femmes hétérosexuelles sont aussi dans une position d’impunité. Le sexisme est une discrimination à deux sens. Nous le verrons dans le dernier article plus en détails. Retenez simplement qu’il n’y a plus rien à attendre de pertinent du féminisme.

Mythologie lesbienne

« Denial of the threat of sexual violence within lesbian and bisexual communities also runs deep. The myth of lesbian utopia wherein relationships between women are based on nonviolence and egalitarianism allows no room for interpersonal violence. Meyers (1999) writes, “Lesbians felt that our relationships were utopian since they did not involve men. We did not want to imag-ine that women could do harm to another woman in a relationship” (p. 241). During the early second wave of feminism, theories on violence against women were based on the premise that menused violence to maintain power, control, and privilege. Consequently, if power and control are linked to males, the assumption was that two women together should mean the absence of abuse. Christy, a study participant, echoes this sentiment: “I think also coming from a feminist perspective, I didn’t want to see that awoman would do that [be sexually violent], so I was denying it”(Girshick, 2002, p. 56).»

« No sugar, no spice – Reflections on Research on Women-to-Women Sexual Violence », Lori B. Girshick (2002)

Les relations lesbiennes sont entourées de toute une mythologie. Celle-ci prétend que ces relations sont utopiques, égalitaires et dénuées de domination abusive. Cette mythologie repose en partie sur la nécessité de cohésion d’une communauté vivant en marge. Cependant, il est indéniable qu’aujourd’hui, cette mythologie cause du tort, la rejeter est donc la position tenue par les spécialistes (féministes et lesbiennes elles-mêmes) des violences au sein des relations lesbiennes.

Cependant, vous verrez des féministes comme Alice Coffin ou Mymy Heagel, rédactrice en chef de Madmoizelle (i.e. l’un des sites féministes les plus populaires de France), tenir ce genre de propos :

« Ne pas avoir un mari, ça m’expose à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée et ça évite que mes enfants le soient »

Alice Coffin, féministe élue EELV, RT France (2018)

Pourtant, un tel discours non content d’être anti-scientifiqueest extrêmement dangereux et va à l’encontre des préconisations formulées par les experts sur le sujet ! Mieux sensibiliser les jeunes lesbiennes à la violence au sein des couples lesbiens est d’une importance primordiale comme le signale Ristock (voir aussi Donovan & Hester, 2008). Elle remarque qu’un grand nombre des victimes ont subi leurs abus dès leur première relation amoureuse. Elle en conclut que – étant lesbienne elle-même – les lesbiennes ressentent une solitude dans un premier temps de par leur orientation sexuelle. La rencontre avec une autre lesbienne crée une forme d’attachement parce qu’elles ne se sentent plus seules et un couple se forme sur de mauvaises bases.

« a theme of desperation is identifiable in the narratives of first relationships; for example “This was my first experience with a woman, I didn’t care which woman it was.” »

Exploring Dynamics of Abusive Lesbian Relationships:
Preliminary Analysis of a Multisite, Qualitative Study
, Ristock (2003)

Il s’agirait donc d’adresser ce problème en sensibilisant les jeunes lesbiennes à ne pas trop succomber à ce sentiment d’appartenance. À l’inverse, le discours propagé par Coffin, Madmoizelle et autres féministes à grande audience encourage à maintenir cette vision fausse et dangereuse du couple lesbien comme havre de paix égalitariste et pacifique. Vous ne serez pas surpris de constater qu’on retrouve cette même rhétorique plus largement au sein du féminisme militant, même populaire et grand public :

Conclusion

Finalement, les cas lesbiens sont très similaires aux cas des hommes battus. Les suggestions d’amélioration de l’aide seront donc globalement les mêmes. Il faut revoir l’approche théorique des violences conjugales (Duluth Model) pour la corriger en la rendant plus inclusive, et ce, de manière explicite. Il est primordial de renoncer aux préjugés que nous avons sur les couples lesbiens. Ils ne sont pas des havres de paix et d’amour libérés de toute domination sociale, psychologique ou physique. Il faut améliorer la recherche (en homogénéisant les méthodologies notamment) et la multiplier pour avoir une estimation réellement fiable et surtout plus précise de la fréquence de ces violences.

S’éloigner du féminisme est primordial et je vous conseille vivement la lecture de Eliott (1996) pour mieux le comprendre par l’exemple. Cette étude ne tient pas un discours anti-féministe, bien au contraire en fait. Je vous la conseille car elle illustre parfaitement les deux vitesses du combat contre les violences conjugales, la remise en question hypocrite et misandre des clichés patriarcaux, etc. Les biais féministes des raisonnements sont assez évident pour qu’aujourd’hui, dans le contexte de ces articles, n’importe qui puisse les repérer aisément. (Hester & Donovan (2009) pour un autre exemple)

Si une mouvance venait à défendre les hommes victimes sur la base qu’ils sont exclus d’ordinaire par la rhétorique populaire, féministe et patriarcale, alors elle se devrait de ne pas exclure la victimation lesbienne. Il s’agirait de ne pas tomber dans le même travers que le féminisme, à savoir discriminer les victimes plutôt que les atteintes subies.

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L’article suivant sortira du thème de la victimation pour aborder plusieurs mythes féministes populaires et persistants malgré leur invalidité.


Une réponse à “Introduction à l’anti-féminisme (Partie VI) : Victimation féminine, les oubliées”

  1. […] La raison de cette disparité n’est pas uniquement le facteur féminin, bien évidemment. Le but n’est pas de blâmer les femmes, mais de montrer la faiblesse de la rhétorique populaire et féministe blâmant les hommes de tous les maux de notre monde. Même si les couples homosexuels divorcent moins, ils n’en sont pas forcément plus stables. En effet, nous avions déjà vu que les violences subies et commises au sein de ces couples étaient comparables en terme de fréquence …. […]

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