La misandrie radicale, un séparatisme comme les autres ?

La misandrie radicale, un séparatisme comme les autres ?

Hasard du calendrier : le Président de la République annonçait le 2 Octobre un plan de lutte contre le séparatisme religieux précisément la semaine où deux publications rappellent aux yeux de tous à quel point la misandrie radicale se banalise en Occident. Chronique interrogative sur une dérive qui se généralise.

La misandrie publiée

La première publication, au titre évocateur (“Moi les hommes, je les déteste”), est signée par une certaine Pauline Harmange. Inconnue au bataillon, celle-ci a profité pendant l’été d’un soupçon de censure de son ouvrage pour communiquer abondamment. De censure, en définitive, il n’y en a pas eu, comme on aurait pu s’y attendre. Du peu que nous avons pu en lire, la brève publication (96 pages) usurpe le frisson du livre sulfureux sans dépasser les poncifs du temps. Le succès ne tient parfois qu’à un titre…

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Crédit : Twitter de Pauline Harmange (@aPaulineR)

La seconde publication est signée par une conseillère EELV du XIIème arrondissement de Paris qui donne des cours à la Sorbonne et milite pour un collectif féministe (La Barbe) à ses heures perdues. Son essai intitulé “Le génie lesbien” a ému par la virulence de ses positions, jusqu’à la pourtant très féministe Caroline Fourest : “Je suis atterrée par cette approche essentialiste, binaire et revancharde qui abîme des années de révolution subtile et flatte les clichés antiféministes.”.

Suite à la polémique autour de la sortie du livre, un mot-dièse #JeSoutiensAliceCoffin a été lancé, repris par des militantes politiques (Rokhaya Diallo, Mélanie Vogel, David Belliard,…) et la plupart des associations féministes. Rien que de très habituel.

A quoi ressemble la misandrie radicale ?

Dressons une liste de quelques points saillants du discours de nos courageuses femmes de lettres.

  • La misandrie ? C’est “un processus d’autodéfense” face à la misogynie qui existe partout.
  • D’ailleurs “L’accusation de misandrie est un mécanisme de silenciation : une façon de faire taire la colère, parfois violente mais toujours légitime, des opprimé.es (sic) envers leurs oppresseurs.” – P.H.
  • Les standards sont très bas pour les hommes, mais pour les femmes, ils sont bien trop hauts” – P.H.
  • Ne pas accorder d’importance aux hommes, nous permet d’embrasser du regard leur profonde incompétence, et d’oser leur passer devant.” – P.H.
  • Notre misandrie fait peur aux hommes, parce qu’elle est le signe qu’ils vont devoir commencer à mériter notre attention.” – P.H.
  • Moi, en tant que femme, ne pas avoir un mari, ça m’expose plutôt à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée. Et cela évite que mes enfants le soient aussi.” – A.C. sur RT France.
  • “Etre lesbienne fait de moi une meilleure journaliste” – A.C.
  • “Soyez exigeantes, devenez lesbiennes !” – A.C. sur National Geographic
  • “Il y a un désespoir de voir, tous les jours, le tribut payé par les femmes à ce système sexiste. (…) Pour l’instant, notre réponse n’a pas été armée. Mais c’est une interrogation légitime.” – A.C. dans l’Express

La misandrie radicale s’appuie systématiquement sur une mauvaise analyse de la situation : le monde vivrait (à son insu) depuis des millénaires une lutte active pour décimer les femmes. Et la misandrie serait une forme d’opposition raisonnable à la boucherie que les hommes mettraient en place, on ne sait trop dans quel but. Face à ce délire paranoïaque, la réalité des chiffres importe peu. Si les misandres agrègent parfois des chiffres sur leurs émotions, elles ne s’en servent jamais comme socle pour penser.

Cette analyse étant posée, elle légitime ensuite une réponse violente, à proportion des siècles d’une oppression terrible et évidente aux yeux de tous. Dans leur réponse à la situation de prétendue oppression, les misandres aspirent à imiter ce que des hommes violents feraient à leur place. Le résultat est le plus souvent comique avec un goût prononcé pour la caricature de mafieux (“je ne sais pas si je mourrai sans avoir blessé un homme”, dixit Alice Coffin). Quoi qu’il en soit, l’inversion accusatoire est de facto omniprésente dans la logique misandre.

La misandrie radicale est bel et bien un suprématisme féminin, voire lesbien (les lesbiennes forment le gros des troupes de la misandrie radicale). Qui plus est, c’est un suprématisme qui assume sa virulence verbale et son envie de violence physique. Ses adeptes considèrent que la seule voie vers un monde meilleur passe par la disparition/suppression/interdiction des hommes… Cette branche “dure” du féminisme gagne en visibilité depuis quelques années.

Le féminisme radical est un séparatisme comme les autres

Revenons au séparatisme. Il est amusant de constater à quel point le concept est flou. Il a paru évident aux journalistes qui ont rapporté la prestation d’Emmanuel Macron que le séparatisme était un synonyme d’islamisme et que c’était ce dernier qui était visé. Le terme séparatisme cependant couvre un panel beaucoup plus larges de comportements qui vont à l’encontre de la cohésion de la société, voire même de la doxa. On peut légitimement se demander si le séparatisme ne va pas finir par concerner tout groupe qui vit en marge pour des raisons historiques (e.g. les gens du voyage) ou politiques (survivalisme, décroissance…). Poussons la logique jusqu’au bout : aspirer à une autre société, n’est-ce pas déjà une forme de séparatisme par l’utopie ?

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Pour TF1, le principal danger provient des écoles catholiques…

Face à cette définition floue, il convient de s’interroger : les misandres radicales comme Pauline Harmange ou Alice Coffin ne sont-elles pas, à leur manière, de dangereuses séparatistes du genre ?

L’une comme l’autre, elles régurgitent à qui veut les lire les rengaines revanchardes ou bellicistes d’une Valérie Solanas. Leur utopie semble être le lesbo-matriarcat, de préférence sans hommes (des violeurs en puissance), sans pères (des brutes) et sans enfants (des charges mentales). C’est-à-dire une société dysfonctionnelle et stérile par conception.

Il ne suffit pas de nous entraider [entre femmes, NDLR], il faut, à notre tour, les éliminer [les hommes, NDLR]. Les éliminer de nos esprits, de nos images, de nos représentations. Je ne lis plus les livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n’écoute plus leurs musiques. (…) Les productions des hommes sont le prolongement d’un système de domination. Elles sont le système. L’art est une extension de l’imaginaire masculin. Ils ont déjà infesté mon esprit.

Le génie lesbien, Alice Coffin

Les hommes, reprenons les mots d’Alice Coffin, doivent être éliminés. Élimination symbolique, précise-t-elle tout de même, bien que sa pensée ne constitue nullement une exception dans l’histoire du féminisme. Pourtant, en quoi l’aspiration dogmatique d’une Alice Coffin serait-elle compatible avec le modèle de la République ? Rêver d’éliminer les hommes, est-ce plus louable que de rêver d’imposer une justice religieuse ? Quelle différence entre le fanatisme religieux et féministe ? Surtout que si le financement des associations religieuses sera passé à la loupe, celui des associations féministes ne l’a jamais été et ne le sera pas d’avantage à l’avenir (le féminisme c’est le droit des femmes, donc c’est le camp du Bien). Certaines radicalités sont mieux tolérées que d’autres : on peut sans problème être payé par l’argent du contribuable et avoir pour projet d’éliminer (symboliquement) la moitié de ces concitoyens, du moment que ce sont des hommes.

Conclusion

Selon une chorégraphie médiatique bien étudiée, les féministes ne dérapent jamais. Le concept de dérapage est inconnu du féminisme, à la place on exprime un ressenti, avec ses mots, à cause d’une colère légitime. Le camp féministe a fait bloc autour des deux écrivaillons, entonnant la trompette habituelle du deux poids, deux mesures : “la misogynie est dans toutes les strates et dans tous les pans de notre vie. La misandrie, elle, est un rempart, un mécanisme de protection face à cette haine“. Ou encore, relayé par TV5 Monde : “la misandrie est en réaction à la misogynie, et s’il n’y avait pas cette ambiance misogyne dans la société en général, qui permet aux hommes de continuer à être agresseurs, il n’y aurait pas besoin d’être misandre en retour. “. La misogynie, c’est très grave mais la misandrie c’est de la légitime défense…

A défaut d’avoir des idées neuves, les féministes ont toujours su les exprimer avec virulence. N’en déplaise aux féministes du dimanche, le mouvement qu’elles soutiennent n’a jamais posé de limite aux éléments les plus radicaux. On n’a jamais vu de manifestation de femmes pour condamner les fanatiques du féminisme. Et on n’a jamais vu non plus de condamnation gouvernementale des dérives du féminisme… La lutte contre le séparatisme ne serait-elle qu’une question électorale, en définitive ?


11 réponses à “La misandrie radicale, un séparatisme comme les autres ?”

  1. Disons le tout de suite, je suis pour la liberté de s’exprimer. Pour tout le monde.
    Elles n’aiment pas les hommes et le disent? Fort bien. Ca ne va pas changer la saveur de ma tasse de thé, et de toute manière je ne comptais nullement envisager un tête à tête avec l’une ou l’autre de ces deux harpies.
    Mais alors, comme la société actuelle fait le parallele entre “sexisme” et “racisme” – pourquoi pas, encore que les sujets sont différents – je ne vois pas pourquoi on condamne dans ce cas un Zemmour ou un Dieudonné.
    Je ne suis pas un grand fan ni de l’un ni de l’autre, mais si ils ont à répondre devant la justice et qu’on admet le principe de censure à leur encontre, on ne peut pas laisser passer l’expression de la haine et du sexisme chez Coffoin et Hermange.
    Deux poids, deux mesures, ça ne grandit ni la société (bon, on n’attendait pas grand chose d’elle) ni la justice.

    Enfin, bref… comme d’hab quoi: féminisme power est tolérable. Les autres doivent la fermer.

  2. J’ai trouvé la phrase suivante très intéressante sur la fiche wiki de Esther Vilar : “…Dans son livre Das Ende der Dressur (La fin du dressage) (1977), Vilar dénonce un prétendu leadership des lesbiennes qu’elle accuse de vouloir séduire les femmes hétérosexuelles « qui normalement seraient complètement inaccessibles à leurs désirs fantaisistes ». Pour ce faire, elles utiliseraient le mouvement féministe, qui se compose presque exclusivement de lesbiennes et de « femmes masculinisées ».

  3. @MosM – Vous avez un avis sur la “société du désir”, car je pense que c’est l’origine de pas mal de décadence dans notre société, nottament lié à la sexualité/contraception/porno/prostitution/onlyfans, par rapport à surconsommation, etc…
    Malheuresement je ne trouve pas grans chose par rapport à cette “société du désir”.

  4. qu’on leur laisse un pays entier où elle peuvent être qu’entre femmes, sans un homme.
    qu’on les laisse faire leur vie..
    je leur donne même pas 6 mois ahaha !!
    et je pense aussi que certaines découvrirons que la violence venant des femmes, leurs propres semblables, est bien pire que celle des hommes

  5. Excellent article comme d’habitude. Heureux de constater que je ne suis pas le seul à considérer que le féminisme est bel et bien un séparatisme.

    Je constate aussi la profonde inanité de la production intellectuelle chez ces femmes : verser dans la violence serait la pire erreur pour elles. Manipuler, pleurnicher, éructer, passer pour des victimes est LEUR FORCE. Abandonner cet avantage pour aller sur un terrain ou les hommes dominent (non par une hypothétique propension morale mais par leur reelle capacite physique) moi je dis : chiche !

  6. Pour moi il n’y a pas de sujet. Il s’agit simplement de pseudo mouvements téléguidés par certains partis politiques à des fins électoralistes. A l’instar des SOS RACISME, ni p.. ni soumises etc… On fait monter la mayonnaise et cela occupe la populace. Lorsque ils auront rentré suffisamment d’oseille on nous parlera d’euthanasie. On ne va pas me dire que ces greluches sont mignonnes ? Où est passée la Beauté, l’Esthetisme, l’élégance ? C’est bien moche. JLM

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