Livre : un homme au primaire

Livre : un homme au primaire

Dans cet article nous nous penchons sur le livre Un homme au primaire de Prof Solitaire, qui aborde la place des hommes dans le monde de l’enseignement.

Le contexte du livre

L’enseignement en école primaire est un monde de femmes, et de plus en plus. Dans les années 50, on comptait déjà 2/3 de femmes au primaire, mais ce chiffre a augmenté pour dépasser les 80%. En France, on compte 82% d’institutrices dans le public et 91% dans le privé. En Suisse, on parle de 82% aussi. Et au Québec, de 88%. À une époque faite de “parité” et de “quotas”, ces chiffres ont de quoi étonner. Mais l’important n’est pas là. Qu’il y ait 10% à 20% d’instituteurs n’est en soi un “problème” que si cela a un impact sur les élèves à l’école primaire. Or, on peut raisonnablement penser que c’est le cas.

Les garçons en particulier, seraient moins à l’aise dans un environnement entièrement pensé pour des filles. Typiquement, les garçons auraient besoin d’une plus grande part d’activités sportives et d’un encadrement scolaire plus flexible avec une relation maître-élève plus horizontale.

On s’émeut épisodiquement que les garçons souffrent de décrochage scolaire : ils représentent 57% de ceux qui sortent de l’école sans diplôme, obtiennent 80% des punitions et ont 47% de risque supplémentaire de redoubler… Le rapport 2019 du Ministère de l’Education Nationale témoigne également d’un retard scolaire, particulièrement en français. Une part de ce décrochage pourrait venir d’une sous-notation des garçons à l’école. La chose a été constatée en France comme à l’étranger, du collège à l’entrée de l’ENS.

Certains psychologues comme Stéphane Clerget affirment la nécessité de rôles masculins à l’école. Des enseignants eux-mêmes cherchent à mettre en lumière le sujet, comme Jean-Louis Auduc. Et pourtant, à l’exception de rares interventions médiatiques, comme celle de Natacha Polony, la question relève toujours du tabou.

Résumé

Prof Solitaire est un instituteur québécois en école primaire, en charge d’élèves de 10 ans environ (l’équivalent de notre CM2 français). L’homme, que rien ne semblait destiné à devenir instituteur, a une vingtaine d’années d’expérience dans plusieurs écoles élémentaires.

Ce livre raconte en particulier une année de cauchemar où il s’est retrouvé critiqué par sa directrice et certaines de ses collègues. Son crime ? Questionner l’autorité abusive du règlement scolaire. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourrait résumer les vétilles (port d’un couvre-chef, silence dans les rangs…) qui ont conduit à une guerre ouverte avec sa direction. De coups-bas en trahisons, d’humiliations en accusations, de fausses plaintes en mises à l’index, l’instituteur a vécu un an de calvaire. Lui-même en a souffert, passant par une phase de dépression, mais même ses élèves se sont retrouvés privés de sorties scolaires.

L’auteur présente son histoire avec minutie, attribuant une part de son malheur à son sexe et à de la misandrie. Être un homme en école primaire, au contact d’enfants parfois affectueux, c’est “suspect”. Quand ses collègues femmes ne se privent pas pour cajoler des enfants, lui doit se contenter d’enfoncer ses mains dans ses poches. Il est en permanence scruté et surveillé. La peur de déviances sexuelles, risque réel et grave au demeurant, semble instrumentalisée pour écarter des instituteurs qui n’ont rien à se reprocher.

La hiérarchie, par peur d’un possible scandale, préfère sanctionner et mettre à pied sans la moindre preuve les instituteurs. Lesquels, après une longue enquête et des mois de dépression ne se verront présenter ni excuses ni compensation financière.

Au-delà des instituteurs, Prof Solitaire dépeint un système scolaire poussiéreux et agacé par la présence de garçons dans ses classes. On y célèbre les qualités des petites filles (capacité d’attention, travail studieux, calme et discipline…) sans jamais offrir d’espace aux garçons. Au contraire, ces derniers sont perçus comme problématiques, agités, turbulent ou remettant en question l’autorité. Et les écoles primaires cherchent régulièrement à leur interdire de s’amuser en extérieur.

Par-delà le livre, la question de la “diversité”

Le livre Un homme au primaire est un fabuleux témoignage du quotidien d’un instituteur travaillant dans un environnement féminisé. Et à ce titre, il mérite lecture.

Bien sûr, on peut le considérer comme une somme de déconvenues que le travail d’instituteur peut amener. Mais surtout, on peut le prendre comme une grande interrogation sur le monde de l’enseignement et sur la capacité d’un environnement de travail féminisé à accueillir des pensées diverses. On attribue aux seuls milieux masculins une “rigidité” excluant les femmes. Les groupes d’hommes auraient ainsi leurs codes, et un fonctionnement pensé pour les hommes (masculinité “toxique”, boy’s clubs, etc).

Ce dont témoigne cet ouvrage c’est que l’inverse existe aussi. En somme, qu’un milieu quasi-exclusivement féminin fera tout pour soumettre les voix dissonantes masculines à sa propre logique ou pour les exclure. Le symétrique exact de ce qu’on reproche parfois aux milieux masculins.

Dans le cas d’un milieu féminin, soumettre un homme, c’est lui faire accepter les codes du groupe. Ce qui peut être fait soit en les féminisant (Prof Solitaire mentionne à plusieurs reprises que les homosexuels ont moins de problèmes que les hétérosexuels dans les écoles primaires), soit en les enfermant dans un stéréotype hyper-viril (typiquement l’enseignant en sport). Si la soumission n’a pas lieu, le groupe procède à une exclusion du récalcitrant. Cet ostracisme peut être la conséquence de l’utilisation d’une autorité (appel à une direction pour obtenir une exclusion) ou bien par une campagne de harcèlement poussant les gêneurs à s’exclure d’eux-mêmes (le cas du Prof Solitaire).

Si les procédés utilisés peuvent différer (rapport de force plus direct chez les hommes), il n’y a pas de doute que la situation d’un homme dans un environnement à 90% féminin n’est pas plus aisée que celle d’une femme dans un environnement à 90% masculin… Il y a même de fortes chances qu’elle soit pire, puisque les femmes n’ont pas d’instinct de protection pour les hommes, alors que tout milieu masculin comporte un grand nombre de chevaliers blancs. Or il semblerait que la diversité soit à sens unique. Que le pourcentage de femmes augmente et on louera la plus grande “diversité” de l’équipe. Même si par définition, une équipe 100% féminine ne contient pas plus de diversité qu’une équipe 100% masculine… Il serait donc temps de repenser le concept de « diversité » dans le monde du travail !

Conclusion

A une époque où l’on porte tant d’attention à la proportion de femmes dans d’obscures officines techniques, il est plus qu’étonnant d’ignorer un problème d’une toute autre envergure. Combien d’instituteurs se débattent dans un système qui ne veut pas d’eux ? Et surtout, combien de petits garçons empêche-t-on de suivre une scolarité adaptée ?
Les performances scolaires des garçons sont alarmantes, et nécessitent une action d’urgence. Pas simplement au nom de l’égalité des sexes, mais surtout par souci de donner à tous les mêmes chances de réussite.

Liens

Blog du Prof Solitaire : http://profsolitaire.blogspot.com
Lien vers le livre : https://payhip.com/b/x4FC
Interview avec Prof Solitaire : https://www.youtube.com/watch?v=A7faNbhYPC4

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3 réponses à “Livre : un homme au primaire”

  1. « Avant même que les femmes ne l’envahissent, le marché du travail était prêt à les accueillir dans des conditions optimales (228) : dès le milieu des années 1950, il était quasiment tertiarisé, c’est-à-dire nidifié. Pour que les femmes puissent l’envahir, il fallait qu’il soit tertiarisé ; pour qu’elles puissent s’y sentir comme dans leur « nid », il fallait une autre condition, que nous énoncerons après avoir rappelé que, « [d]ans la division du travail, à l’intérieur de chaque classe, les femmes accomplissent des tâches plus légères et moins risquées, que ce soit à la maison ou à l’extérieur » et souligné que, plus les femmes investissent l’économie, plus les tâches économiques deviennent légères et sans danger. Dans le secteur tertiaire, le plus gros danger physique couru par les membres du personnel, pour ne pas parler des cadres et hauts fonctionnaires, est de se casser un ongle en envoyant un SMS ou en ouvrant une de leurs boites d’« anti-dépresseurs » (229) ; dans l’industrie aussi, grâce, ou, tout dépend du point de vue auquel on se place, à cause de la robotisation des entreprises à partir des années 1970. La robotisation des tâches ménagères avait contribué de manière déterminante à donner aux femmes beaucoup plus de temps pour se livrer à des activités de loisir et occuper un emploi salarié (230), avant que, sous leur poids, l’emploi salarié ne devienne une activité de loisir ; la robotisation de l’industrie allait permettre de « féminiser les équipes » (231), là où le travail industriel consistait encore à transformer des matières ; depuis l’apparition des « nouvelles technologies » ; il consiste de plus en plus à manipuler des informations : lire, saisir et interpréter des données, entretenir, surveiller et contrôler des équipements et des produits » (232). Dans le secteur tertiaire, les « nouvelles technologies » ont transformé le bureau en ce que Marshall McLuhan appelle un « terrain de jeu » (233). La femme est une comédienne née et plus les femmes sont nombreuses dans un lieu de travail robotisé et informatisé, plus ce lieu ressemble à une scène, plus les occupations auxquelles on s’y livre tiennent du rôle au sens théâtral et cinématographique, plus, la femme étant un être changeant, la spécialisation laisse place au jeu de rôle. De là – les natures masculines s’imposent, les natures féminines s’adaptent – la « flexibilité du travail » et la flexibilité même de ce concept et de cette pratique économiques (234) ; de là aussi la « polyvalence (non pas la capacité de remplir plusieurs fonctions, mais le simple fait de remplir plusieurs fonctions, puisque les fonctions en question ne demandent aucune compétence pour être remplies) et la « mobilité » (le fait de changer d’activité économique). Qui, mieux que la femme, peut-être flexible, polyvalent et mobile ?
    La féminisation de l’emploi est structurellement liée à la tertiarisation de l’économie et de la société (235) et cette tertiarisation (236) est essentiellement le produit de deux facteurs : le développement des services non marchands et la déréglementation des échanges dans les secteurs marchands des télécommunications, des transports, de la banque et de l’assurance, dans la décennie qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, dus, le premier, aux mesures prises par l’État-providence, le second à celles qui ont été imposées par le GATT et ensuite par l’OMC. Soixante-dix ans plus tard, les femmes sont nettement majoritaires dans les « administrations publiques », l’« enseignement » (237), la « magistrature », la « santé » et l’« action sociale », y compris, dans certains de ces secteurs, aux postes de direction, tandis que le nombre de cadres de sexe féminin ne cesse de croître dans les autres, que ce soit naturellement ou artificiellement ; et ce n’est qu’un début. Il n’est pas un des nombreux rapports de l’artificielle et tyrannique Commission Européenne sur l’emploi public qui ne manque de conclure que « des mesures doivent être prises pour augmenter la présence des femmes aux postes de haut niveau » ; l’un deux, rendu, quasiment dans le sens d’évacué par les voix naturelles, en janvier 2010, s’intitule : « More women in senior positions: Key to economic stability and growth » ; et nous sommes bien d’accord avec cette proposition, une fois rétablie dans son entier : « Key to THEIR OWN economic stability and growth. ». Nous ne doutons effectivement pas que la présence d’un plus grand nombre de femmes aux postes de direction soit essentiel à la stabilité et à la croissance économiques des intéressées.
    Le « nid », pour la femme de carrière, n’est plus le foyer, c’est le bureau – elle a en quelque sorte déplacé son « nid » du foyer au bureau ; l’esclave, pour la femme de carrière, est moins l’époux, si elle en a un, que le collègue de bureau : ce n’est pas pour rien qu’il reste encore quelques hommes dans la fonction dite publique. Ils y sont conservés pour faire de la figuration et donner le change.
    A l’époque où, vers la fin des années 1970, le chômage de masse a commencé à apparaître dans les pays dits occidentaux dans le sillage de la vague d’immigration d’invasion qui déferlait du Maghreb, des voix se sont élevées, peu féminines, pour accuser, à raison, même s’il eût été cohérent d’étendre l’accusation à ceux qui avaient déclenché cette vague, les immigrés de voler aux Européens leurs emplois, mais il faut prendre garde de ne pas oublier que les premières attaques contre le salariat, pour l’essentiel masculin jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, furent portées dès la fin du XIXe siècle, lorsque la main d’œuvre féminine fut introduite dans des métiers auxquels les femmes n’avaient pas accès jusqu’alors. La fonction publique fut ouverte aux femmes à la « belle époque de la Troisième République » pour des motifs comptables (238) : il s’agissait pour le pseudo-gouvernement d’alors d’entraver la titularisation des auxiliaires. Il semble d’ailleurs que le terme de « féminisation » ait fait son apparition en 1892, avec l’embauche des premières femmes dans les bureaux de poste urbains (239).
    La tertiarisation est en partie responsable de l’élévation du nombre de chômeurs de sexe masculin (240). Le nombre d’hommes actifs ne cesse de diminuer (241), à tel point que les salariées sont aujourd’hui plus nombreuses que les salariés (242). « … [L]a polarisation accrue des revenus au sein de la population masculine, la baisse observée dans sa participation à l’enseignement supérieur, ainsi que le taux de chômage qui touche une partie de celle-ci, sont des faits très inquiétants [pas pour tout le monde, semble-t-il]… l’hypothèse dominante est que la chute des salaires et que le taux élevé de chômage chez les hommes, combinés à la désindustrialisation et à la croissance du secteur des services, font que les salaires des femmes et les conditions de travail de celles-ci s’améliorent au détriment des hommes » (243). La professeure canadienne qui se fait l’écho de cette thèse dominante, qu’elle partage, ne s’en appesantit pas moins sur les « inégalités persistantes » entre les salaires des femmes et les salaires des hommes. C’est toujours la même rengaine. Nous attirerons l’attention sur le fait qu’il est indécent de se plaindre que le salaire des femmes ne soit pas aligné sur celui des hommes, puisque c’est précisément pour faire baisser les salaires des hommes que les portes du monde du travail salarié ont été toutes grandes ouvertes aux femmes. De même que, comme un gosse de six ans serait capable de le comprendre, à condition qu’il ne soit pas scolarisé, l’introduction massive d’une main d’œuvre, non qualifiée ou « qualifiée », dans des pays où les salaires sont beaucoup plus élevés que ceux des pays dont elle est originaire a permis aux employeurs de tirer les salaires en bas, ainsi l’arrivée massive des femmes sur le « marché de l’emploi » a eu la même conséquence (244). Comme l’explique l’économiste Teresa Amott, « l’embauche des femme a été un élément central de la stratégie des entreprises pour restaurer [augmenter encore davantage?] la rentabilité, car les femmes étaient non seulement moins chères que les hommes, mais aussi moins susceptibles d’être organisées en syndicats et plus disposées à accepter un travail temporaire sans avantages » (245). »

    https://elementsdeducationraciale.wordpress.com/2017/12/10/postface-a-anatomie-du-pouvoir-feminin/

  2. « Aujourd’hui, il n’est plus un emploi qui ne soit pas accessible aux femmes, à commencer par celui de parlementaire et de magistrat de l’ordre judiciaire. Respectivement ouverts aux femmes depuis la fin des années 1970 et depuis la fin des années 1980, les métiers de la police et ceux la gendarmerie sont désormais envahis par elles ; il en va de même pour l’armée, qui recruta une femme pour la première fois en 1938, sans parler des professions libérales, des métiers du secteur tertiaire et de ceux de l’enseignement. L’administration est touchée de plein fouet depuis l’avènement du régime démocratique au XIXe siècle. La féminisation croissante de toutes les carrières administratives et militaires ne prêtait pas encore trop à conséquence, aussi longtemps que les femmes n’y occupaient pas de postes à responsabilité. Mais ce qui devait arriver, aucun principe viril n’étant présent au sommet de la hiérarchie pour endiguer le flot montant des professionnelles, est arrivé : la haute administration et les grades les plus élevés sont désormais submergés. Il reste assurément quelques « chefs de service », derniers eunuques d’un harem bureaucratique, mais la « parité » est sur le point de se réaliser. La « parité » ne sera atteinte que lorsque 100 % des emplois (du tertiaire) seront occupés par des femmes. Les effets de la féminisation se font sentir de plus en plus. Plus la quantité de femmes augmente dans la magistrature, plus les jugements rendus montrent que la distinction entre le criminel et la victime s’efface, à tel point que la victime tend à être considérée comme le coupable et, inversement, le criminel comme la victime (419) ; plus les tribunaux sont livrés aux caprices judiciaires des femmes, plus est portée aux nues le « droit naturel », c’est-à-dire l’ensemble des droits qui, selon la définition qu’en donnent les juristes, sont issus de la nature humaine et sont donc les mêmes pour tous les sujets, quels que soient leur dignité, leur race et leur sexe. Plus le nombre de policières, de gendarmettes, de militaires de sexe féminin croît, plus la distinction, déjà mise à mal par la critique libérale, entre ami et ennemi s’estompe, plus la « prévention » l’emporte sur la dissuasion chirurgicale et la répression musclée. Plus les femmes s’emparent des organismes publics, plus les offrandes, dites « aides sociales », qui sont faites sur les autels de la République aux étrangers de couleur, qu’ils vivent en Europe ou non, augmentent, plus l’autochtone de race blanche et de sexe masculin est laissé pour compte ; c’est que les centaines de milliers d’employées et de fonctionnaires de sexe féminin qui musardent dans les services chargés de l’éradication de l’homme blanc appliquent avec zèle les pseudo-lois, les pseudo-décrets et les pseudo-directives androcidaires de l’occupant, quand elles ne les devancent pas avec la servilité toute sadique que le sentiment d’impunité communique au ressentiment. Plus le nombre de parlementaires et de politicards de sexe féminin a augmenté, plus l’État a perdu sa souveraineté : n’ayant pas son principe en soi, la femme est incapable de souveraineté, ni même de simple indépendance et, n’ayant pas de forme, elle ne sait pas ce qu’est l’État, qui est l’expression de la forme dans le domaine de la politique (420). « Je veux, proclame Praxagora, faire de la ville une seule habitation, où tout se tiendra, de manière à ce qu’on passe de l’un chez l’autre » : telle pourrait être la devise du mondialisme, qui implique l’illimitation absolue et le va-et-vient continu.
    Comme la femme est une manifestation de la hylé, c’est-à-dire une substance indifférenciée, inorganique et illimitée, il s’en est suivi que, plus le nombre de politicardes a augmenté, plus la liberté des échanges commerciaux et financiers sans barrière, l’absence de toute restriction, de toute limitation, dans la circulation des biens, des services et des personnes, se sont imposées, plus la limite qui sépare les États s’est effacée. Le libre-échangisme est à l’économie ce que l’absence de contrôle des frontières est à la politique ; le libre-échangisme et l’absence de contrôle des frontières ne sont que l’expression des tendances fondamentales de la psyché féminine dans les domaines de l’économie et de la politique. La féminisation a également entraîné la négation des frontières entre les races et, plus récemment, puisque la science repousse toujours plus loin les limites, la négation des frontières entre les sexes ; la négation des frontières entre les races a eu pour pendant l’affirmation de la nécessité du métissage (421), tandis que la théorie du « troisième sexe » (422), disséminée sous l’expression de « gender studies » dans les universités états-uniennes à la fin de années 1980, finissait par être épandue sous le nom d’« études de genre » sur des établissement d’enseignement européen déjà transformés, conformément au projet de cux qui furent à l’origine de l’école républicaine, en garderies : les « gender studies » ont été mijotées par des spécialistes toujours de plus en plus nombreux de sciences aussi à même de répondre aux questions existentielles que peut se poser la femme que la biologie, la psychiatrie, la psychologie, la sexologie et la sociologie et, en même temps, les sociologues ; psychologues, psychiatres, psychanalystes n’ont pas cessé de proliférer. L’androgyne métissé est loin d’être la dernière étape du retour à l’indifférenciation auquel contribuent les travaux appliqués de ces praticiens. Le transgénérisme a été relayé par le transhumanisme , dont l’objectif est de « … fusionner du matériel génétique non humain avec le patrimoine humain … », c’est-à-dire d’abolir frontière entre l’humain et le non humain (423).
    En ce qui concerne le second aspect du mondialisme, le culte du changement et la « réformite », qui sévissent de plus en plus dans tous les domaines, ne sont rien d’autre, dans le fond, que la traduction d’une particularité de la nature psychique de la femme, qui est la versatilité, elle-même reflet de l’impermanence hylique. Ce que la sociologie appelle « instabilité professionnelle », « mobilité », « flexibilité », qui sont exigées aujourd’hui dans une activité professionnelle qui ne requiert plus aucune qualification réelle, n’ont eux-mêmes pas d’autre cause fondamentale. »

    https://elementsdeducationraciale.wordpress.com/2016/08/19/isis-1/

  3. « Les liens qui souffrirent le plus de la révolution industrielle furent ceux qui existaient entre pères et fils, qui furent brutalement coupés. Jusqu’au milieu du XIX siècle, quatre-vingt pour cent des Etats-uniens travaillaient dans l’agriculture. « Le travail dans les champs ou dans les ranchs offrait aux pères la possibilité de travailler étroitement avec leurs enfants, car ils pouvaient les emmener sur leur lieu de travail. Pères et fils travaillaient souvent côté à côte de l’aube au crépuscule, ce qui leur permettait d’entretenir de riches relations. Avec le développement des usines et des manufactures, les hommes ne travaillaient plus dans les champs et on s’aperçut bientôt que le père ne pouvait plus emmener ses enfants avec lui au travail. Les pères rentraient tard à la maison, épuisés. Ils prenaient un bain, dînaient et allaient se coucher, Ainsi, ils n’avaient plus le loisir de former leurs fils et leurs filles. En conséquence, l’éducation des enfants revenait essentiellement à la mère » (165). Un phénomène semblable accompagna la formation des classes moyennes.
    Avec le développement de la société marchande au cours du XIXe siècle, le foyer familial changea de nature et de fonction, dans les zones rurales comme dans les villes. Dans un premier temps, l’ activité professionnelle et commerciale, qui, autrefois, était concentrée au foyer, s’en éloigna. Dans un second temps, la distance entre le foyer et le lieu de travail augmenta. Les chefs de famille furent ainsi brusquement isolés de leurs fils, physiquement, mais aussi mentalement et émotionnellement. Le fossé fut creusé encore davantage par le fait que, même lorsqu’un homme des classes moyennes était en mesure de rester travailler chez lui, les tâches abstraites qu’il accomplissait étaient beaucoup moins intéressantes et compréhensibles pour un jeune garçon que les activités agricoles auxquelles celui-ci aurait participé avec son père, s’il était né deux ou trois générations plus tôt. Enfin, la mère prit une importance qu’elle n’avait pas jusque-là dans l’éducation des garçons. Jusqu’au XVIIIe siècle, les mères, jugées trop indulgentes pour former le caractère d’un garçon, une fois que celui-ci avait atteint l’âge de six ans, étaient tenues à l’écart de son éducation, qui incombait aux pères. Adolescents, un grand nombre de garçons étaient en apprentissage, travaillaient comme domestiques ou étudiaient au loin. « Tout ceci se passait dans un contexte où les pères étaient des membres actifs de la famille, où la communauté pénétrait facilement les frontières du foyer et où le monde des hommes était accessible aux garçons et avait de la vie à leurs yeux. Au contraire, le foyer bourgeois devint un espace privé au XIXe siècle. Il n’était plus un site de production commerciale, mais, de plus en plus, un lieu d’éducation des enfants, d’enseignement moral et spirituel et d’échanges entre les membres de la famille nucléaire. Les femmes avaient désormais pour tâche de nourrir l’âme et d’encourager le sens moral de la nouvelle génération d’hommes. Les garçons étaient soumis non seulement à une influence maternelle plus forte, mais ils l’étaient pendant plus longtemps (166) … »
    Jusqu’à environ six ans, l’enfant état-uniens du XIXe siècle était couvé. Il échappait rarement à la surveillance d’un adulte, que ce soit sa mère ou un autre membre féminin de la famille, auquel elle faisait appel, lorsqu’elle devait s’absenter du foyer conjugal. Vers trois ans, il montrait, au désespoir de sa mère, les premiers signes d’une insolence et d’un goût pour la bagarre qui ne feraient que s’accentuer au cours des années. Il avait beau se rebeller, ses cris étaient étouffés par les parois du cocon féminin où il était enfermé. Il rongeait son frein dans des jupons qui n’étaient pas seulement ceux de sa mère et de ses sœurs : dans les classes moyennes et dans les classes supérieures, il n’était pas rare qu’un garçon porte des vêtements et des sous-vêtements de fille (167). En outre de l’inciter à se modeler sur ses sœurs, ils l’empêchaient de se livrer aux activités physiques qui avaient été celles des garçons des générations précédentes. Vers sept ans, l’étau vestimentaire et moral dans lequel il était pris depuis sa naissance se desserrait légèrement. « Dans les villes, la culture pré-adolescente s’épanouissait dans les cours, dans les rues, dans les parcs, sur les terrains de jeux et les terrains vagues, qui formaient tous « des villes-Etats où il était possible de jouer ». Dans les petites villes, les vergers, les champs et les forêts avoisinants fournissaient un habitat naturel pour la culture des pré-adolescents. Ils ne se sentaient pas chez eux à l’intérieur. Que ce soit un salon ou une salle à manger, presque toutes les pièces repoussaient les pré-adolescents. Les garçons avaient quelquefois un coin à eux dans la maison – généralement dans le grenier, où la saleté, le bruit et l’activité physique créaient moins de problèmes qu’aux étages inférieurs, propres et paisibles. La maison n’était pas le seul espace intérieur qui leur était étranger » (168). Les pré-adolescents se morfondaient à l’école (169) et à l’église et ne s’approchaient jamais des bureaux où travaillaient les pères de la classe moyenne » (170).
    Une fois à l’extérieur, le garçon pouvait s’adonner librement aux activités qui lui étaient défendues par sa mère ou qu’il ne pouvait tout simplement pas pratiquer à la maison, que ce soit les exercices sportifs (la nage, la randonnée, l’aviron, l’équitation, le tir, la chasse) ou les activités ludiques (billes, saute-mouton, etc.), Il n’était pas rare que les jeunes garçons surenchérissent sur la violence qu’impliquaient certaines d’entre elles, en y mêlant des actes de violence gratuite. La torture des petits animaux était un des prolongements de la chasse et l’un des jeux favoris des jeunes garçons consistait à se lancer des pierres. Les écrivains de l’époque qualifiaient les jeunes garçons de « sauvages » et de « primitifs », les trouvaient » pleins d’instincts animaux ». Ils les comparaient aux Indiens ou aux Africains (171). « Cette violence dissimulait une curieuse disposition à la méchanceté spontanée et au sadisme convivial. Ce qui constituait en partie la culture des préadolescents était les souffrances que les jeunes s’infligeaient les uns aux autres » (172). En ce qui concerne le jeu des colons et des Indiens, qui était très populaire parmi les jeunes garçons, il est remarquable que la plupart d’entre eux préféraient jouer le rôle des Indiens parce qu’ils les voyaient comme plus agressifs et barbares que les colons. Les jeunes garçons aimaient aussi beaucoup former des « clubs », dans un but de rapine (leurs membres faisaient des raids sur les jardins et ensuite mangeaient ensemble leur butin) ou sportif (les compétitions qu’ils organisaient pouvaient se terminer dans un petit bain de sang). Si le ciment de ces « clubs » était évidemment l’amitié, celle-ci était déterminée moins par les affinités que par la proximité géographique ; soudaines et passionnées, les amitiés étaient aussi superficielles. Les inimitiés, qui naissaient d’une manière tout aussi brutale, pouvaient être profondes et durables. Des rixes opposaient fréquemment les gangs de différents quartiers, dont le passe-temps était cependant le vandalisme. Ils s’attaquaient essentiellement aux biens privés. Le rapport que le jeune garçon avait avec les adultes étaient devenus des rapports de confrontation : directs avec les hommes et, en particulier, avec son père, qu’il voyait relativement peu ; détournés, obliques, avec sa mère, toute puissante au foyer.
    Et l’attitude de son père envers sa mère n’était pas faite pour l’inciter à rompre le cordon ombilical. « Les Américains avaient tendance à voir dans les femmes […] des « anges du foyer ». Ils entendaient par là qu’elles étaient des êtres moraux, sinon de par leur nature, du moins sur le plan culturel. Ils expliquaient son statut moral par le fait que seules les femmes pouvaient devenir mères. Il n’est donc pas étonnant qu’ils aient associés la femme à la « civilisation ». En tant que mères, mais aussi en tant que missionnaires et enseignantes, les femmes étaient celles qui transmettaient la haute culture. Créatrices de clubs littéraires et de sociétés de musique, elles étaient en même temps les premières consommatrices de culture. Mais la culture qu’elles créaient et consommaient, essentiellement des romans et des magazines romantiques, reposait largement sur des discours moralisateurs et une piété sentimentale » (173), qu’elles distillaient à leur progéniture aussi.
    Les femmes elle-mêmes se percevaient telles que se les représentaient les hommes et, au moins pour les féministes, l’homme n’était pas précisément à l’image de la femme. L’homme était mauvais par nature et, de ce fait, il était inférieur à la femme (174). « Beaucoup d’hommes croyaient en la supériorité morale des femmes et se comportaient en conséquence » (175). Dans les romans de l’époque, l’homme est quasi systématiquement dépeint comme l’agresseur et la femme comme la victime sans défense ; la prédation masculine est décrite comme l’envers d’une haine de soi sadique (176). Sous l’effet de l’hygiénisme puritain et misandre qui sous-tendait cette vision des rapports entre les sexes, la sexualité du couple se « spiritualisa » : « L’idéal domestique enseignait que le sexe entre mari et femme exprimait la communion spirituelle qui les unissait dans le mariage. Ici, leur nature biologique complémentaire formait une union physique qui consacrait l’union de leurs âmes. Les relations érotiques devinrent « personnelles » dans cette nouvelle convention conjugale ; le terme d’ »intercourse » (« rapports sexuels »), qui était utilisé auparavant dans le domaine de la diplomatie et du commerce, devint synonyme de coït dans le sens d’échange mutuel. À la fin du XIXe siècle, le terme de « sexualité » fut forgé pour exprimer cette croyance sociale selon laquelle l’expérience érotique véhiculait et incarnait la personnalité. Lorsqu’il rentrait chez lui, le guerrier mondain ne renonçait pas à l’indépendance anxieuse qu’impliquent la compétition économique capitaliste et les conflits politiques. Au contraire, il s’attendait à ce que sa vie familiale confirme et récompense sa virilité, tout en pansant les blessures qu’il avait reçues en l’exerçant… » (177). Surtout pour l’homme, la sexualité revêtit une importance qu’elle n’avait jamais encore eue : elle devint son seul moyen d’exprimer sa masculinité et, avant même de l’exprimer, de se sentir homme, de s’affirmer en tant qu’homme face à la femme.
    De plus, « [l]es pressions économiques renforcèrent les exigences psychiques qui obligeaient le guerrier mondain à faire de la « pureté » la vertu essentielle de la féminité. L’innocence immaculée qui rendait une femme apte au mariage donnait à un homme l’assurance qu’elle ne le mettrait pas sur la paille par des grossesses non désirées » (178). Les familles furent de moins en moins nombreuses : les enfants, qui, avant la révolution industrielle, étaient des ressources pour la famille, puisqu’ils étaient mis au travail à un jeune âge, devinrent une source de dépenses, d’autant plus qu’ils devaient désormais être scolarisés en dehors du foyer, dans des établissements où ils étaient censés acquérir les compétences nécessaires à l’exercice d’un métier qui ne serait pas nécessairement celui qu’exerçait leur père (179). En l’absence de préservatifs industriels fiables, la seule manière de ne pas avoir plus de deux ou trois enfants était l’abstinence. La révolution industrielle entraîna donc quasi immédiatement une baisse brutale des naissances et une augmentation correspondante de la frustration sexuelle. L’homme trouva son exutoire dans la masturbation : la littérature pornographique se développa considérablement ; la littérature médicale aussi, qui cherchait à culpabiliser l’homme, en pathologisant l’orgasme masculin et en lui expliquant que la capacité à résister aux plaisirs charnels était une preuve de virilité et que, au contraire, le désir sexuel était signe d’efféminement (180).
    Non seulement le jeune garçon vivait dans un monde divisé en deux parties, entre lesquelles il était ballotté ; entre la sphère féminine du foyer, douillette et policée et sa propre sphère, où régnaient la compétition et le conflit, l’agressivité et l’insoumission, mais le monde des adultes était lui-même nettement divisé en une sphère féminine et en une sphère masculine antagonistes.
    Dans ce monde fait de divisions, parents et garçons étaient quasiment des intrus les uns pour les autres. « Ces deux espaces ne s’excluaient pas mutuellement : les femmes pénétraient dans le monde des garçons pour leur adresser des réprimandes et les rappeler à leurs devoirs, tandis que les garçons établissaient parfois leur culture distinctive dans les étages supérieurs de la maison. La maison et le monde extérieur avaient chacun une forte signification symbolique. Quand les garçons salissaient de boue les planchers, ils ne faisaient pas qu’alourdir les tâches ménagères – ils apportaient un fragment de leur monde de garçons dans un lieu où il n’avait pas sa place. Et les mères considéraient également les « précieuses » collections de pierres, de feuilles et d’animaux morts de leurs fils comme des invasions du monde civilisé qui était le leur. Les femmes et les garçons se disputaient constamment à propos des traces de pas boueuses et autres résidus du monde extérieur qui pénétraient à l’intérieur de la maison. Mais les mères ne se battaient pas seulement pour protéger la maison de la saleté et de l’hédonisme de la culture des garçons ; elles s’évertuaient à étendre leur domination morale sur le monde des garçons. Heureusement pour elles, les femmes avaient à leur disposition plus d’une arme tactique dans cette bataille pour l’influence morale. Souvent, les mères cherchaient à contrôler le comportement de leurs garçons en maintenant un contact étroit avec leur culture. Les femmes qui vivaient dans les petites villes et même celles qui habitaient dans les villes, sauf les plus grandes, appartenaient à des réseaux sociaux qui leur envoyaient rapidement des informations sur leurs fils. Comme elles avaient tendance à faire leurs courses dans les quartiers où jouaient leurs garçons, elles pouvaient même les surveiller de près dans ces occasions. La plupart des femmes pouvaient influencer les activités de leurs fils dans le monde des garçons qui s’étendait hors de la maison familiale » (181). A la maison, les mères profitaient de toutes les occasions pour faire des leçons de morale à leurs fils, pour leur faire entendre, par le recours à la culpabilisation, « la voix de la conscience ». « Leur autorité morale et spirituelle » sur leurs fils « semblait immense » (182).
    Si la plupart des tendances du jeune garçon états-unien au XIXe siècle peuvent être considérées comme le propre de l’enfance masculine, pour bien comprendre ce qui le séparait des jeunes garçons des générations précédentes, il faut tenir compte d’abord du fait qu’il les développait dans une large mesure en réaction aux préceptes moraux féminins que cherchait à lui enseigner sa mère et dans un esprit de rébellion qui était inconnu à ceux de son âge qui, quelques générations auparavant, avaient avec leur père des rapports d’apprentis à maîtres ; aucune leçon de morale ne rendra un jeune garçon vertueux au sens étymologique ; le caractère et les qualités morales se forment, se forgent par l’expérience concrète, par l’activité manuelle. Non seulement la « boy culture » s’était construite en opposition au monde féminin du foyer et se présentait comme son négatif, mais elle reposait exclusivement sur le sport et le jeu. Les travaux agricoles en compagnie des adultes permettaient au jeune Etats-unien de l’époque pré-industrielle de s’intégrer organiquement à la fois à son environnement physique et à son environnement social, qui, du reste, coïncidaient. Au contraire, les activités sportives et ludiques que le jeune Etats-unien de la fin du XIXe siècle pratiquait de l’aube au crépuscule n’avaient aucune fonction socialisante ; quant à la chasse et à la pêche, il ne s’y adonnait évidemment pas pour se nourrir ; elles étaient pour lui un moyen de « subordonner la nature à [sa] rapacité instinctive » (183), que, adulte, il mettrait au service de la société marchande qui naissait. Les valeurs et les comportements qu’il avait faits siens dans l’univers de la « boy culture » semblaient devoir lui permettre de l’affronter et d’y contribuer plus efficacement que ceux que sa mère essayait de lui inculquer, car l’esprit de compétition, l’individualisme grégaire, l’agressivité, l’impitoyabilité paraissaient y tenir une place beaucoup plus importante que l’esprit d’entraide, l’interdépendance, la gentillesse, l’affection et la compassion.
    Autrefois, la fin de l’apprentissage marquait le début de l’âge adulte. Au XIXe siècle, l’âge auquel se terminait l’adolescence variait considérablement selon les individus. Dans la classe moyenne, le fils était généralement considéré comme adulte lorsqu’il quittait le foyer parental ou/et obtenait son premier emploi à plein-temps, deux signes sociaux avant-coureurs du mariage précédés par l’apparition d’un symptôme psychologique : vers le milieu de l’adolescence, les garçons prenaient subitement de l’intérêt pour les filles. Dans leur monde, ils continuaient à s’adonner aux activités qui faisaient le désespoir de leurs mères, mais, dès qu’ils en sortaient, ils veillaient à être présentables ; certains prenaient subitement goût aux offices religieux. Pour plaire à celle(s) qu’ils courtisaient, il n’y avait pas d’autre solution que d’« endosser les habits de l’adulte « civilisé » et d’effacer les marques de l’enfance « sauvage » » (184). Une fois franchi le seuil de l’âge adulte, ils comprendraient vite que la société était, comme l’avait été le monde de leur enfance, divisée en deux : la sphère des femmes s’y substituerait au foyer maternel et la sphère des hommes à la « boy culture ». « [E]levé par une femme pour devenir un homme » (185), l’était-il devenu ?
    Il était certainement devenu un homme double. Le va-et-vient constant qu’il effectuait dans son adolescence entre le foyer maternel et le monde de sa « boy culture » exigeait assurément de grandes facultés d’adaptation, qui pouvaient à leur tout provoquer des troubles névrotiques. Du monde bipolaire qui avait été le sien et où il avait mené une double vie sortit une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde ; celui-là devait sévir dans la vie privée et celui-là dans le cadre professionnel.
    Dans le privé, l’Etats-unien de la classe moyenne ressemblait à Babbitt, ce personnage d’agent immobilier jouisseur et vulgaire qu’a campé Lewis Sinclair dans la nouvelle éponyme, dont nous citerons cet extrait particulièrement révélateur :
    » À sept heures et demie, ils [Babbitt et quelques collègues, la veille d’une convention d’État d’agents immobiliers à laquelle ils doivent assister] étaient dans leur chambre avec Elbert Wing et deux autres délégués. En manches de chemise, le gilet ouvert, la figure rouge, la voix pâteuse, ils achevaient une bouteille de whisky de contrebande qui leur râpait le gosier et ils suppliaient le groom :
    « Dis, mon fiston, peux-tu nous procurer encore de cette liqueur enchanteresse ? »
    Ils fumaient de longs cigares, dont ils jetaient les cendres ou les bouts sur le tapis, et, avec de gros rires bruyants, racontaient des histoires : bref, des mâles dans un heureux état de nature.
    Babbitt soupira :
    « Je ne sais pas ce que vous en pensez, mes petits sacripants, mais pour ma part j’aime bien, pour changer, un petit coup de détente comme ça, une excursion par-dessus une ou deux montagnes, ou un voyage au pôle Nord en brandissant une aurore boréale. »
    Le délégué de Sparta, un jeune homme grave, ardent, balbutia :
    « Écoutez, je crois être un aussi bon mari que le commun des mortels, mais, bon Dieu, j’en ai soupé de rentrer à la maison tous les soirs et de n’avoir rien d’autre à aller voir que le cinéma. Voilà pourquoi je vais aux séances d’exercices de la garde nationale. Je suis sûr que j’ai la plus gentille petite femme de mon patelin, mais… Dites, savez-vous ce que je voulais faire quand j’étais gosse ? Le savez-vous ? Un grand chimiste… voilà ce que je voulais être. Mais papa m’a envoyé sur les routes vendre de la batterie de cuisine, et voilà… je suis là-dedans, j’y suis pour la vie… pas la moindre chance de m’évader ! Oh ! qui diable a mis sur le tapis ce sujet de conversation funèbre ? Qu’est-ce que vous diriez de boire encore un petit verre ? Ça ne nous ferait aucun ma… a-al » (186)
    La turbulence, l’irrévérence, la frénésie, la crudité, la cruauté, le goût du tapage et du chahut, la festivité bruyante, l’évasion de la réalité, ainsi que la passion du sport et de la compétition, qui, auparavant, ne se rencontraient guère que chez les adolescents et dont ils se défaisaient à l’âge adulte, en vinrent à faire partie intégrante de ce que les sociologues appelleront plus tard la « nouvelle masculinité » (187). Le « nouvel homme » présentait tous les traits de l’adolescent attardé, auxquels s’entremêlaient des tendances encore plus problématiques.
    La révolution industrielle avait accouché d’une mystique du travail d’un genre tout particulier. On attendait d’un homme qu’il soit « posé et sobre, car la vie professionnelle était une chose sérieuse. Il [lui] fallait subvenir aux besoins de sa famille, se tailler une réputation, assumer des responsabilités. [Son] monde était fondé sur le travail et non sur le jeu et, pour y survivre, il lui fallait être organisé, faire preuve de patience et non agir impulsivement. Pour réussir, un homme devait refréner ses désirs et retarder leur satisfaction. Naturellement, il lui fallait aussi être agressif et compétitif, car il devait être capable d’avoir de l’avancement. Mais il devait canaliser son besoin impulsif d’affirmation, en l’adaptant aux batailles abstraites et aux problèmes complexes du travail d’un homme des classes moyennes. Enfin, il devait, contrairement à un garçon, avoir le sens des responsabilités » (188). Le « vrai » homme, descendant de l’avide et arriviste bourgeois britannique du XVIIIe siècle (189), était dorénavant l’homme qui avait réussi professionnellement. Ses valeurs étaient la machine, la compétition, économique et sportive, sentimentale et sexuelle, le profit, maximal, infini et la domination, celle de la machine et celle de la femme, qui devaient se traduire, la première, par la robopathologie, la seconde, par le machisme.
    La robopathologie présente huit symptômes : la planification et la programmation de toutes les activités, professionnelles ou privées, y compris le sexe, même la spontanéité dans les interactions sociales est calculée ; derrière un progressisme affiché, l’incapacité à trouver et même l’absence de volonté de chercher des solutions à des problèmes nouveaux ; le conformisme et l’obéissance passive et mécanique ; l’incapacité à se sentir exister autrement qu’à travers le regard d’autrui, la projection à autrui d’une image consensuelle de soi qui cache l’absence de personnalité ; l’insensibilité ; le pharisaïsme ; l’hostilité ; l’aliénation (190).
    Alors que les ouvriers souffraient des conditions de travail industriels dans leur chair, victimes qu’ils étaient d’accidents du travail ou de maladies, professionnelles ou contagieuses, les employés de bureau, stressés par la peur de l’échec professionnel mais aussi par le fait d’être constamment sous l’œil d’un superviseur, étaient guettés par une nouvelle maladie, cocktail de troubles psychiques et fonctionnels auquel les médecins donnèrent le nom de « neurasthénie masculine » (191) (les Etats–uniens aussi étaient atteintes de stress, mais les causes en étaient différentes : la peur de la grossesse et de la maternité).
    Le seul remède, croyait le neurasthénique, était le repos et le loisir : le repos au foyer et le loisir dans les loges fraternelles : une double régression infantile.
    « … du point de vue des relations entre les sexes, la neurasthénie masculine équivalait à une fuite de la masculinité », (du moins de la masculinité telle que se la représentait l’Etats-unien). « Elle signifiait non seulement un retrait de la sphère typiquement masculine du travail, mais aussi un rejet des qualités fondamentalement masculines : la recherche du succès, l’ambition, la domination, l’indépendance. Un homme qui se détournait de l’univers professionnel bourgeois n’était plus à sa place. Sans compter que le neurasthénique se retirait dans le monde de la femme. En se reposant chez lui, ce qu’il recherchait, c’était un intérieur féminin. Il trouvait ainsi refuge dans des rôles et dans des comportements marqués comme « féminins » : la vulnérabilité, la dépendance, la passivité, l’infirmité » (192), comportements qu’il regrettait sans doute inconsciemment d’avoir énergiquement rejetés vers sept ans et que, pour cette raison, il adoptait d’autant plus volontiers. Le neurasthénique était qualifié d’« efféminé », de « dandy», voire, purement et simplement, de « femme » (193) et il n’est pas impossible qu’il se soit perçu comme tel. « Même les hommes qui ne souffraient pas de formes graves de neurasthénie ne savaient pas exactement ce que signifiait la masculinité. La plupart des hommes étaient profondément influencés par leur mère, leurs sœurs, leurs enseignantes, etc. Ils portaient en eux cette culture féminine et n’étaient pas sans trouver cela problématique. A bien des égards, il y avait un décalage entre les caractères féminins qu’ils avaient assimilés dans leur petite enfance et le machisme dont, une fois adultes, il faisait preuve » (194). A d’autres égards, plus essentiels, le machisme était la conséquence directe et nécessaire de l’efféminement que, jeune enfant, sa mère lui avait fait subir (195).
    De l’accusation d’efféminement l’appartenance à une ou plusieurs loges lui permettait de se disculper, au moins à ses propres yeux et à ceux de ses « frères » : les « fraternal societies » n’étaient-elles pas des « men’s clubs » ? Leurs réunions constituaient des protestations larvées contre la condition masculine à l’époque. « S’il est permis de considérer les rituels comme une forme stylisée de conversation entre ceux qui les pratiquent, alors les femmes étaient un des principaux sujets de conversation dans les loges fraternelles à la fin du XIXe siècle. Les rituels des maçons et des autres ordres dominaient complètement les réunions des loges et ils étaient centrés dans une large mesure sur les sentiments des hommes à l’égard des femmes. En particulier, les participants insistaient implicitement sur la gêne qu’ils éprouvaient à avoir reçu une éducation féminine et exprimaient le souhait de fonder des familles d’hommes – souhait qui était déjà exaucé, puisque tous les membres de la loge et donc tous les participants aux rituels étaient des hommes… » (196), hommes qui, par la pratique de ces rituels, aspiraient à un retour au mode de comportement qui était le leur au stade de l’adolescence, où, l’étau maternel s’étant desserré, ils s’étaient mis à passer leurs journées à jouer à l’extérieur. Ces activités ludiques, auxquelles, adulte et père de famille, il avait dû renoncer, la loge lui offrait l’occasion de s’y adonner de nouveau (197), en dehors des heures de bureau. Entre-temps, ils étaient cependant devenus des « robopathes ».
    Enfant, en plein air, il prenait un plaisir sadique à brutaliser ses camarades de jeu et à torturer les petits animaux ; adulte, en faisant chevaucher le bouc à l’un de ses « Frères » dans l’ambiance feutrée des loges, il pouvait éprouver cette joie malsaine qui résulte de l’observation du malheur d’autrui, cette Schadenfreude qui, trait caractéristique de la race de l’âme levantine (198), s’est transmis à la race de l’âme de l’homme blanc.
    Enfant, il s‘humiliait inconsciemment en s’identifiant aux Indiens, aux « sauvages » ; adulte, il ne semblait pas y avoir pour lui de plus grand plaisir que de s’humilier consciemment, en chevauchant lui-même le bouc avec un masochisme infantile. Chevaucher le bouc était pour lui le couronnement de l’humiliation qu’il s’infligeait dans sa vie familiale et dans sa vie professionnelle, en s’acceptant comme inférieur à la femme, en se résignant à jouer les rôles de sous-mari, sous-père (199) et, dans les classes inférieures, où la machine avait rendu l’ouvrier impuissant, sous-homme. C’était, objectera un esprit moderne, de l’auto-dérision et il est sain de rire de soi-même. La psychanalyse, dont les diagnostics, aberrants lorsqu’il s’appliquent à l’homme normal, complet, intérieurement et extérieurement masculin, valent pour le dégénéré qu’est l’homme moderne, n’a pas tort de reconnaître dans l’auto-dérision, forme d’humour typiquement juive , un « masochisme exhibitionniste » (200).
    Sa protestation contre l’omnipotence de la femme était vaine, illusoire et fantasmée. D’une part, les valeurs sur lesquelles reposaient les enseignements et les rituels fraternels étaient pour beaucoup d’entre elles (la moralité, l’amour, la tempérance, la sobriété, l’interdépendance) des valeurs féminines et, d’autre part, les hauts grades leur rappelaient qui, même à l’intérieur des loges, était le « boss » : « Nous admirons, claironne le journaliste et historien, membre des Knights of Pythias et des Odd Fellows et membre associé de Quatuor Coronati Lodge n° 2076, Henry Leonard Stillson (1842-1914) (201), éditeur en chef de History of the Ancient and Honorable Fraternity of Free and Accepted Masons, and Concordant Orders et auteur de The Official History of Odd Fellowship: The Three-link Fraternity, nous admirons les femmes pour leur grand sens moral et leur sens élevé de la justice, pour leur amour de ce qui est pur et bon, pour leur aversion de ce qui est vil et grossier […] Les femmes firent preuve de fidélité envers le Sauveur du Monde, en étant « les dernières à la croix, les premières au sépulcre ». La présence de la femme dans les loges se traduira par des améliorations et une élévation du sens moral » (202).
    Tout le monde riait de ceux qui « chevauchaient le bouc » : eux les premiers, jaune ; le public, d’un gros rire franchement méprisant ; les femmes, sous cape. Des siècles durant, elles avaient été accusées, pour les sorcières d’entre elles, de se rendre au sabbat et de s’y rendre parfois à dos de bouc. C’étaient désormais les hommes qui chevauchaient le bouc (203). »

    https://elementsdeducationraciale.wordpress.com/2018/06/29/chevaucher-le-bouc/

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